Les éditions THÉÂTRALES ont pour devise : le théâtre, ça se lit aussi. Leur collection jeunesse veut faire connaître aux jeunes des textes de théâtre contemporain appartenant à la littérature. Leurs textes jeunesse ne sont pas « prémâchés » : ils portent l’univers de leurs auteurs qui empruntent des formes parfois nouvelles et écrivent une langue qui leur est propre. Autant de richesses pour les enfants et adolescents. Mais, certains enseignants qui aiment ces textes se sentent parfois démunis pour leur introduction en classe. Comment les aborder, avec quelles méthodes artistiques et pédagogiques ?
Ces carnets visent à les accompagner.
Les éditions THÉÂTRALES ne sont pas un éditeur pédagogique et n’ont pas vocation à réaliser des fiches pédagogiques destinées aux élèves. Elles souhaitent simplement aider les enseignants, d’une part, à mener la lecture d’un texte théâtral d’aujourd’hui, à l’explorer et ce faisant, à répondre à certains objectifs des programmes ; d’autre part, à les accompagner dans la mise en voix et la mise en jeu du texte.
À cet accompagnement, elles ajoutent un carnet documentaire et artistique sur l’auteur, des présentations critiques parues sur le texte, des renvois à d’autres dossiers ou travaux pédagogiques, à des sites de compagnies théâtrales, notamment pour un travail sur la représentation, à travers photos et affiches ou programmes de spectacles.
La rédaction de ces carnets a été confiée à des enseignants du primaire, du secondaire ou du supérieur, tous spécialisés sur le théâtre, tant dans leur approche analytique des textes que dans leur pratique théâtrale avec les élèves. Ils ont pu expérimenter l’ensemble des pistes qu’ils proposent dans ces carnets. Mais, il n’est point de démarche pédagogique artistique efficace et enrichissante sans le partenariat artistique. Ici, même si vous trouverez de nombreux éléments rédactionnels, iconographiques, voire audio et vidéo transmis par des compagnies ayant créé les textes et qui ont le souci de la transmission et de la fabrication d’outils, l’artiste partenaire est l’auteur.
Les auteurs ont donc été associés à la création de ces carnets. Ils fournissent ainsi des brouillons d’écriture, de l’iconographie lorsqu’ils ont été les créateurs de leurs propres textes, livrent des réflexions sur leur écriture ou remplissent des questionnaires "proustiens" sur leur environnement créatif, littéraire et théâtral. Une occasion inédite et passionnante d’entrer dans l’atelier de l’écrivain.
Un chantier en cours, des évolutions à venir
L’objectif de ce chantier mis en ligne en mai 2010 est d’équiper l’ensemble des textes de la collection de Carnets artistiques et pédagogiques en deux ans au minimum. Il vous sera ainsi proposé des nouveaux carnets tous les 2 à 3 mois. De plus, certaines modalités de www.tjeu.fr vont apparaître au fil du temps : les spectacles à l’affiche concernant ces textes, des sessions de discussions en ligne avec les auteurs.
Enfin, ces Carnets artistiques et pédagogiques de la collection « Théâtrales Jeunesse », ainsi que le site www.tjeu.fr ont reçu le soutien de la Région Ile-de-France.
Le théâtre d’aujourd’hui destiné à la jeunesse a sa place dans la classe : parce qu’il explore le réel ou l’imaginaire d’aujourd’hui, dans la langue d’aujourd’hui travaillée par l’écriture d’un écrivain d’aujourd’hui.
Depuis son origine, le théâtre n’est pas seulement dialogue. Le théâtre contemporain non plus : il est dialogue, monologue, chœur, récit, fragments… et aime jouer avec toutes ces formes. Son essence : l’oralité.
Introduire un texte théâtral en classe n’oblige pas toujours à le jouer.
Dans le cadre de la classe, le livre de théâtre est un livre comme les autres, il n’oblige à rien et autorise tout : être lu, tout seul ou tous ensemble, et c’est tout ; être présenté par quelqu’un ; être le support d’une séquence pédagogique ; faire l’objet d’un projet pluridisciplinaire, d’un projet artistique, littéraire et théâtral… Comme un roman, un conte, un album…
Parfois, c’est quand on ne comprend pas qu’on peut entrer au plus profond d’une œuvre.
Un texte à deux personnages peut être lu, mis en voix, joué par 25 élèves.
Qu’il y ait ou non présentation publique, le travail théâtral doit mettre en jeu TOUS les élèves.
Il faut tordre le cou à l’idée de mise en scène avec décors, costumes, lumières, comme seule forme de travail théâtral : une lecture aboutie vaut mieux qu’une mise en scène approximative.
Si le texte doit être lu dans son intégralité, sa mise en jeu, dans le cadre scolaire, se fera « à hauteur d’élèves », c’est-à-dire sur un extrait, plus ou moins long.
On pourra déboucher ou non sur une représentation théâtrale, ou une simple présentation, à une autre classe, aux parents, de l’aboutissement du travail. Dans les deux cas, l’essentiel sera que les élèves s’approprient le projet et qu’au moment de la restitution, ils en défendent le propos. On devra alors moins craindre les imperfections que l’insignifiance.
Trois approches des textes
Ces carnets proposent plusieurs pistes détaillant trois phases complémentaires d’une démarche pédagogique. Chacune permettra différents travaux, allant de la seule découverte de l’œuvre intégrale - comme on le ferait d’un roman, d’un conte - à sa théâtralisation :
Une boîte à outils
Pour faciliter la lecture des carnets et la mise en œuvre de ces trois approches, plusieurs outils sont proposés :
Comment ?
Le théâtre, ça se lit aussi ! Mais différemment, pourrait-on ajouter, quand il s’agit de « lire » en classe.
La spécificité du texte théâtral est d’être écrit pour la voix. Comme la poésie, son sens est dans la matière même du langage, dans l’agencement de ses formes. L’approche dramaturgique proposée ici amène donc l’élève à aller au-delà du sens littéral immédiatement perçu, par l’une ou l’autre des méthodes suivantes :
Ceci n’excluant pas l’appel à l’expression personnelle des élèves sur le texte, ses personnages, ses thématiques, notamment à l’école primaire, par le « débat d’interprétation ».
En annexe, apparaissent des suggestions d’autres travaux liés au programme – écriture, vocabulaire, orthographe, grammaire, histoire des arts, recherches documentaires, arts visuels… – visant la pluridisciplinarité pour l’école primaire, le travail en séquences pour le collège.
L’oralisation d’un texte de théâtre
L’oralisation n’est ni la lecture à voix haute ni la mise en voix à visée artistique. C’est une activité plus proche de ce que les comédiens appellent « lecture à la table » et qu’ils pratiquent collectivement.
La mise en voix est une activité artistique qui se rapproche de la « lecture publique ». Elle s’adresse à des spectateurs réels ou virtuels à qui il s’agit de transmettre le texte, de le « faire passer ». C’est la traduction des découvertes de l’explication du texte. Elle reprend toutes les caractéristiques de l’oralisation (sauf la nomination des noms avant chaque réplique, ce qui nécessite d’indiquer au spectateur quel personnage est lu). Mais s’y ajoute un élément capital : la prise en compte du spectateur, par un travail d’adresse et de regard et une explicitation du sens, que l’on aura découvert précédemment.
Une mise en voix, dans le cadre scolaire, fait participer l’ensemble des élèves, grâce à quelques procédés pour lire ou jouer avec toute une classe. Elle installe tous les lecteurs sur scène, tout au long de la lecture.
La mise en voix dans l’objectif d’une présentation publique peut prendre deux formes :
Mise en voix aux pupitres
Mise en voix et en espace
La mise en voix et en espace s’approche donc du jeu et travaille la notion de code, l’essence de la représentation théâtrale.
On a choisi ici le terme mise en jeu plutôt que celui de mise en scène – bien que ce terme ne soit pas à proscrire avec les élèves, lorsqu’on aborde la question de la représentation d’un texte lu ou vu – pour marquer la distance pédagogique à prendre avec l’idée d’une mise en scène imitant au rabais, les professionnels : les fameux décor en carton ou les incontournables costumes en doublure ou papier crépon qui occupent vainement toute l’énergie, les derniers jours. Puisque dans le cadre scolaire, la mise en jeu doit faire participer tous les élèves, elle nécessite des formes différentes pour la mise en scène.
Elle nécessite aussi d’avoir recours à quelques procédés pour lire ou jouer un texte avec toute une classe.
Pour ce passage au jeu et à une approche de la mise en scène (la traduction de codes de toutes les composantes de la représentation), on conservera l’esprit des mises en lecture : le passage par le symbolique plutôt que le réalisme ; l’implication de toute la classe (pas de premiers rôles et de figurants puisqu’on est là dans un projet éducatif qui demande une certaine posture pédagogique).
Les seules différences seront dans :
Si l’enseignant va au-delà du cheminement à l’intérieur du texte lu intégralement, pour passer à la mise en voix ou à la mise en jeu, l’idéal serait (à l’idéal, nul n’est tenu … ) s’il le juge possible, d’en faire un projet artistique de la classe et donc d’adopter une pédagogie qui fasse se rejoindre ses préoccupations éducatives et la démarche des artistes de théâtre au travail :
Pour la lecture et l’exploration des textes
Pour la mise en voix
Pour toutes les activités sur le théâtre
Pour écrire
Pour les exercices de concentration et de plateau
Pour mieux comprendre d’où vient le théâtre contemporain