éditions Théâtrales Jeunesse

À demain
ou la Route des six ciels

de Jean Cagnard

Carnet artistique et pédagogique

Proposer une mise en condition des élèves pour aborder le travail choral et la mise en voix.

Exercice n°1 : proposer un exercice de relaxation et un de respiration.

Exercice n°2 : proposer deux ou trois exercices sur la voix afin de l’échauffer.

Exercice n°3 : aborder un travail sur le premier fragment. Chacun choisit dans ce premier fragment un ou plusieurs vers qu’il mémorise rapidement. Les participants se répartissent ensuite sur l’aire de jeu : ils marchent lentement en veillant à respecter l’équilibre du plateau. Chacun se déplace en solitaire, le regard à l’horizontale, en adoptant la position la plus neutre possible. L’allure est lente, et chacun se déplace comme s’il réfléchissait, comme s’il était plongé dans ses pensées. Puis on prend conscience de la présence des autres : dès que l’on croise le regard d’une personne, on s’arrête, face à face : on se regarde quelques instants et on reprend son chemin. Puis, on choisit la personne devant laquelle on s’arrête, on s’adresse un sourire et on lui confie, au creux de l’oreille comme s’ils étaient secrets, les vers qu’on a mémorisés. Ensuite, on reçoit, de la même manière, les vers de son partenaire et on repart. On confie ses vers à deux ou trois personnes au fil de sa promenade de la même manière.

Puis l’ensemble des participants reprend son chemin, en solitaire. Chacun murmure la phrase pour lui-même, il la répète comme s’il se la disait à lui-même. Il la murmure en la vocalisant. Chacun dit son vers plusieurs fois, sans rechercher une cohérence. Il peut la répéter en boucle, la dire à intervalles réguliers, ou de manière sporadique. Il peut également varier l’intensité.

Puis dès que quelqu’un s’arrête, tout le groupe s’arrête : la personne qui a immobilisé le groupe vérifie que tout le monde la regarde ; elle leur dit alors ses vers. Chacun choisit l’intensité et l’intention pour énoncer son fragment. Après un regard à l’ensemble du groupe, cette personne reprend sa marche donnant ainsi le signal de départ.

Enfin, le groupe s’arrête sur le plateau et on essaie d’enchaîner toutes les phrases à la suite sans qu’elles se chevauchent, sans précipitation. On essaie de garder une énergie commune.

Bilan de l’exercice : c’est l’occasion de faire récapituler aux élèves les sensations qu’ils ont éprouvées après ce premier exercice de mise en voix et en espace et de les amener à prendre conscience de l’adresse.

En effet, on peut établir des différences :
> Différence entre murmurer au creux de l’oreille et parler à tous.
> Différence entre donner et recevoir : quand on est attentif aux autres, la qualité de l’écoute s’améliore.

Ce texte s’entend comme une seule phrase énoncée par une seule voix : jeu des pronoms « je », « toi », « mes ».

Ce qui amène la question de la répartition « de manière naturelle » de cette parole et de son adresse.

Exercice n°4 : mettre en espace et en situation ce premier fragment.

Les participants se partagent la totalité de la réplique des conteurs ; ils s’installent/s’allongent au sol en se répartissant sur le plateau d’une manière équilibrée. Les yeux fermés, chacun se détend grâce à 3 respirations ventrales. Dès que le calme est installé, on lance un morceau de musique (bande originale du film In the mood for love par exemple). C’est le signal pour chaque participant : chacun doit mimer sa naissance. Comment venir au monde ? L’exercice s’effectue lentement, les yeux fermés, chacun pour soi. À la fin du morceau de musique, les participants doivent se retrouver assis (en tailleur ou sur les fesses), yeux ouverts face public.

Chacun se lève ensuite, lentement, et dit sa phrase en douceur. Cela se réalise dans un ordre aléatoire.

Quand tout le monde est debout, face public, on reprend la lecture à voix haute de cette réplique : le premier dit son vers avec une intensité qui sera copiée par le suivant avec une gradation. On augmentera crescendo l’intention.
Bilan de l’exercice : cet exercice donne à réfléchir à la naissance de la parole au théâtre et au rôle de la musique et du silence. En effet, ce fragment constitue la première prise de parole de la pièce. Comment cette parole naît-elle ? Comment surgit-elle ? Quels effets sur le spectateur ?

Exercice n°5 : aborder le fragment n°2 en travaillant sur le souffle, le rythme et l’articulation, éléments qui donnent sa force au texte.
Les participants se placent en cercle, le texte à la main : chacun lit un vers d’une manière neutre, en adoptant un rythme de lecture normal. Au second tour de lecture, on procède de la même manière tout en accélérant le rythme au fur et à mesure de la lecture : il y a urgence à dire, ou à savoir (on peut jouer avec les deux possibilités). On augmente le rythme et l’intensité de la parole et on achève l’exercice sur un decrescendo.

Puis les participants se répartissent en deux groupes, l’un en face de l’autre : le premier groupe posera la question et le second apportera les réponses. Un participant du groupe 1 s’avance d’un pas et adresse sa phrase à l’un des participants du groupe 2. La personne répond en réaction à la proposition faite. On peut varier les intentions : colère, joie, lassitude, indifférence… L’exercice peut se poursuivre en demandant d’accompagner la phrase d’un geste : on met ainsi une tension et un rythme dans l’enchaînement des questions et des réponses. Les duos doivent s’enchaîner sans temps mort pour déployer la réplique dans sa totalité.

On peut travailler cette réplique en créant des duos : chaque duo prend en charge deux vers (l’interrogation et sa réponse). Les duos se répartissent sur l’aire de jeu, ils se promènent séparément dans cet espace mais un contact reste entre les deux personnes : ils ne se perdent jamais de vue. Ils s’adressent ces vers en travaillant la proximité, la distance, l’éloignement. Ils peuvent adopter des attitudes différentes, jouer avec l’articulation des mots (accentuer des syllabes par exemple…)

On peut travailler sur le chœur : dans un chœur, le chef ou meneur se détache de son groupe : celui-ci lui pose la question « qu’est-ce qu’on dit ? », le chef donne la réponse, par exemple : « on dit… ». Et le chœur reprend cette réponse qu’il adresse au public. Le chef de chœur cède la place à un autre participant qui devient chef et enchaîne…

Variante : tous les participants sont répartis sur le plateau, ils se déplacent tranquillement en conservant une allure normale. Une personne choisit de s’immobiliser, donnant ainsi le signal d’arrêt pour le groupe. Dès que cette personne s’est assuré que tout le monde la regarde, elle pose la question. Toutes les réponses de la réplique des conteurs fusent alors. Les réponses ne doivent pas se chevaucher.
Bilan de l’exercice : ces exercices collectifs se déroulent de manière progressive pour engager les élèves dans le rythme et le souffle du texte en éprouvant les uns avec les autres différentes adresses et différentes intentions qu’il est possible de donner aux répliques.