éditions Théâtrales Jeunesse

Kesta

de Manon Ona

Carnet artistique et pédagogique

La liste des personnages permet d’emblée de poser l’anonymat et l’indétermination du genre des personnages, leur dimension universelle. Ce sont des ados, comme le précise l’autrice : « Il n’y a personne en particulier derrière l’enfant de la pièce, mais plutôt une multitude qui va croissant. Pas moins de filles que de garçons, et les origines culturelles se mêlent dans ce cortège. » (Kesta, pp. 57-58). On peut replacer cette conception dans l’évolution à la fois romanesque et dramatique du personnage au XXe dont l’identité devient problématique.

À consulter : Le Personnage de théâtre, Georges Zaragoza (A. Colin, 2006)

« L’Homme sans années », surnom donné par Kesta à la page 41 peut lui aussi être un personnage sans genre avec le sens d’« être humain » pour « homme ». En effet, il ne semble se définir que par son âge, indéterminé, par opposition à la jeunesse dont « les années sont si faciles à compter » (p. 37). Kesta est surnommé-e « l’gosse » par le « vieux », comme Kesta l’appelle parfois.

Les élèves remarquent l’absence de prénom, on peut aussi noter la connotation négative « C. qui a raté la navette » ou « sans années » qui les place du côté de la marge.

Consigne donnée aux élèves : Repérer en cours de lecture les quelques éléments d’information sur les trois personnages.

Consigne donnée aux élèves : Écrire le monologue de présentation de l’un des trois personnages.

Ainsi, chaque personnage va se construire essentiellement par sa parole : accidentée pour Kesta et plus sinueuse pour l’Homme sans années, chacun laissant beaucoup de silences et de parts d’ombre.

Consigne donnée aux élèves : Lecture de la première scène à deux voix.

Les élèves peuvent être surpris par l’absence de ponctuation, les licences grammaticales, lexicales et orthographiques qui vont parfois au-delà de ce qu’ils s’autorisent et inventent dans leur production.

On peut leur faire découvrir d’autres dramaturges du langage :

Samuel Beckett, En attendant Godot
Emmanuel Darley, Pas Bouger
Eugène Durif, Les Têtes farçues
Patrick Keerman, Les Tristes Champs d’asphodèles
Bernard-Marie M. Koltès, Quai Ouest
Valère Novarina, L’Acte inconnu, « Comédie circulaire », 2. Premier cercle, la séquence des informations ou des élections. (Une captation de la mise en scène de l’auteur est disponible.)
Roland Robillard, Les Diablogues
Jean Tardieu, La Comédie du langage

Consigne donnée aux élèves : Étude de la scène d’exposition à travers la progression le dialogue.

  • Repérage des répétitions / variations de mots.
  • Repérage des thèmes : a) le regard (pp.7-8), b) la temporalité (pp.8-10), c) la navette (pp. 9-11).
  • Quel problème est posé implicitement ? (l’enfant manque systématiquement la navette.) Pourquoi ?
  • Comment Kesta évite-t-elle de répondre ? (par l’agressivité, le détournement de la conversation en parlant du repas, l’absence de réponse articulée (« Tssst »), etc.)
  • Quelles sont les actions dans cette scène ?,
  • Les personnages se constituent par leur parole mais aussi par leurs actions : à l’agression verbale qui ouvre la scène succède la préparation et le partage d’un repas. L’action est un contrepoint significatif qui annonce le début d’un lien,
  • Établir une présentation des personnages et de l’action. Quelles suites ?
  • Compétences travaillées : « reconnaître les implicites d’un texte et faire les inférences et hypothèses de lecture nécessaires » (Bulletin officiel, p. 236).