éditions Théâtrales Jeunesse

Le Gardien de mon frère

de Ronan Mancec

Carnet artistique et pédagogique

Il faut donner aux élèves l’occasion de former les groupes qu’ils souhaitent et de choisir les passages qu’ils ont appréciés en n’intervenant pas dans le choix de la séquence. En leur laissant dans un premier temps les textes, on pourra, après leur avoir laissé relire la scène choisie, les laisser sélectionner un passage seulement de cette scène choisie pour ceux que le texte peut effrayer, c’est le compromis pour que chacun participe au projet avec ses moyens sans se sentir contraint. Le choix des extraits va d’une certaine façon donner à entendre une recomposition de la pièce. Il faudra veiller à demander aux élèves de choisir des passages plus tendres et/ou des discussions plus banales afin de ne pas leur laisser le souvenir d’une pièce totalement sourde. À ce titre, on pourra peut-être travailler toujours en chœur puisqu’elles sont écrites ainsi les séquences estivales (le saut de l’ange séquence 16 et 21, l’odeur des figues séquence 24) pour traverser toutes les sensations de la pièce et ne pas se limiter à l’angle de la prédation et de la pression. On pourra d’ailleurs proposer aux élèves pour le jeu d’apporter chacun un objet qui leur rappelle les vacances ou une maison de grands-parents, objets qu’on pourra disposer sur scène et qui seront ramassés au fur et à mesure que le temps avance comme des souvenirs qui essaiment ou nous sèment. L’idée n’est pas de remplir la scène à tout prix mais de laisser les élèves la peupler à leur guise en les laissant utiliser tous ces objets dans leur jeu comme autant de petites choses qu’on manipule sans y prendre garde, car les adolescents ont souvent comme ça des gestuelles machinales qu’ils ne s’expliquent pas. Cela donnera de l’épaisseur au texte en renforçant cette impression de conversations qui s’égrènent entre les adolescents dans la pièce. Ramasser les objets éparpillés sera une façon de montrer implicitement que les choses s’ordonnent et que toutes les voix qui attaquent ou obsèdent Abel finissent par le rendre plus fort, car il faut garder en tête que les vingt-six séquences de la pièce sont comme un alphabet de la reconquête de soi, et cette conquête de soi que les élèves doivent retracer dans leur expérience de jeu.