éditions Théâtrales Jeunesse

À demain
ou la Route des six ciels

de Jean Cagnard

Carnet artistique et pédagogique

Objectif

Porter un regard d’ensemble sur l’œuvre et en relever la norme et les écarts.

La structure de l’œuvre

En partant d’une observation globale de l’œuvre, les élèves repèrent très vite les grandes parties qui composent ce texte. Il consiste en six parties numérotées de 1 à 6, précédées d’une introduction. Ce chiffre nous renvoie d’une manière directe aux six ciels, ce qui n’est guère classique (construction en actes et scènes). Les titres renvoient plus au genre romanesque qu’au genre théâtral (ce qui est assez courant dans le théâtre contemporain, cf. voix didascalique dans le glossaire).

  • 0. Introduction
  • 1. Matin. Le pays Paupières
  • 2. Milieu de la matinée. Le pays de Dix Heures et demie
  • 3. Midi. Le pays du Solsoleil
  • 4. Après-midi. Le pays Parfait
  • 5. Soir. Le pays des Enfants des horloges
  • 6. Nuit. Le pays Plongeoir

Que peut-on déduire de ce relevé ?

Chaque étape renvoie à un moment de la journée, du matin (l’éveil au monde) au soir (la nuit, la tombée du jour). Cela représente les six étapes d’une journée qui prend naissance, grandit, s’épanouit pour s’endormir à la tombée de la nuit, au crépuscule. Le tout représente une journée. Ces différentes étapes proposent donc un voyage dans le temps, un temps qui se répète, ce sont les six étapes d’une traversée quotidienne, partant de l’itinéraire de la vie, par métaphore, peut-être aussi.
Si on résumait le texte au minimum, la fable en serait : il s’agit d’une journée découpée en six moments, chaque moment la définissant. Unité de temps basique qui régule notre vie, cette journée constitue un axe thématique important sur lequel il faudra revenir lors de l’étude de l’action.

Écriture

Au préalable, pour sensibiliser les élèves à la thématique du texte et à la fable, on peut leur demander d’écrire leur définition du temps, de la journée et de faire l’inventaire des moments qu’ils préfèrent dans la journée ainsi que la raison de leurs choix.
Le professeur pourrait proposer des questions qui aideraient les plus petits à clarifier et à étoffer leurs réponses, à les classer par ordre chronologique.
Ce matériau dégagé dans la classe à l’oral pourrait servir de base à l’écriture d’une scène.
Comment analyser les six chapitres ou six parties qui comportent chacune un titre ?

Chaque titre de partie fournit trois indications

L’enseignant fait trouver un tableau à trois colonnes qui permettrait aux élèves de classer leurs réponses :

  • La première colonne permettrait de relever les numéros qui divisent l’ouvrage en six parties, numéros qui constituent un rappel des sous-titres et des six routes du ciel. Les élèves peuvent relever les personnages présents dans chaque partie, repérer qui ouvre / qui prend la parole en premier et qui ferme / qui prend la parole en dernier : ils repèrent la présence importante des conteurs. Ces informations seront utilisées plus tard lors de l’analyse de l’action et du mode de fonctionnement de l’œuvre (définition des axes dramaturgiques).
  • La seconde colonne permettrait de relever les indications de temps. Chacune correspond à la division de la journée qui est ainsi parcourue dans son ensemble. Vingt-quatre heures représente une unité de temps qui progresse de manière inéluctable.
  • La troisième colonne permettrait de relever les indications spatiales. À chaque sous-partie est précisé un lieu spécifique. Chaque pays est caractérisé par un complément du nom ou une épithète.

Ce que l’on peut en déduire

Les élèves remarquent que la pièce repose sur une structure forte. Mais l’auteur prend une orientation poétique certaine dans son écriture : les pays proposés n’existent pas. On peut y repérer des jeux sur les mots et les sonorités : « sol soleil », « pays parfait » et « pays paupières ». L’aspect musical de la langue est très présent. L’auteur joue avec notre imaginaire poétique de la réalité du monde ; il nous propose une manière particulière de voir le monde, de le découvrir et de le redécouvrir dans sa magie.
Chaque caractérisation du pays fournit des indications précises :

  • sur une partie du corps : paupières (allusion au sens de la vue)
  • sur un objet : horloge, plongeoir (évocation du temps). On peut se demander quel rapport à l’objet le spectateur doit-il établir
  • sur la nature : le mot inventé « solsoleil » renvoie à l’astre central du système solaire, le plus proche de la planète Terre, sans lequel nous ne pourrions vivre. Le jeu de répétition de la sonorité/syllabe « sol » crée un lien entre le sol, la terre et le soleil, étoile fondamentale
  • sur le temps : 10h30
  • sur une qualité ou une valeur : « parfait »

Ces indications créent un rythme et une continuité temporelle : on sait que l’histoire va durer une journée et que cette journée est bien découpée. On peut s’interroger sur ce que l’auteur va nous donner à voir dans chaque partie et comment il va lier les différentes scènes. On peut également s’interroger sur le choix de cette temporalité, sur l’espace qui se modifie à chaque fois, qui se métamorphose au fil de la journée : on passe d’un pays à un autre pays. La dramaturgie de la pièce propose une continuité de l’action : tout s’enchaîne de cause à effet, c’est le principe de nécessité qui joue, qui fait avancer les choses (pièce-machine).
On peut s’interroger sur les personnages : qui va être le héros, le personnage principal de ce texte ?
Seule la mention d’enfants est précisée : doit-on avoir en tête le pays imaginaire de Peter Pan ?

Ce que l’on peut faire avec des élèves à ce stade de lecture et d’appréhension de la pièce

On pourrait demander aux élèves de créer/dessiner l’espace de la fiction et l’espace scénique à partir de ces chapitres et d’imaginer le paysage, un paysage qui s’étoffera et se modifiera au fur et à mesure de l’avancée de la journée.
On pourrait aussi diviser la classe en six groupes. Chacun tire un papier sur lequel est inscrit un titre : à eux d’imaginer le paysage de ce pays dans l’espace du théâtre.
On pourrait demander aux élèves d’imaginer les habitants de ce pays, leurs habitudes, leurs modes de déplacement et écrire une scène de rencontre entre deux habitants.
On pourrait en outre demander aux élèves de dessiner au fur et à mesure les étapes du réveil d’un personnage : comment il se déplace, comment il s’habille, comment il parle.
En sujet d’écriture, on pourrait faire inventer aux élèves des mots-valises sur la nuit et des évocations du déroulement de la nuit avec la création de titres sous forme de groupes nominaux : chouette, ciel, lune, étoile, pourraient être des mots associés à cette évocation.
Ces différents travaux d’élèves pourraient donner lieu à une confrontation avec les projets préparatoires des artistes (images et photos).