éditions Théâtrales Jeunesse

Au pont de Pope Lick

de Naomi Wallace

Carnet artistique et pédagogique

Le texte de Naomi Wallace s’adresse de par son écriture et les thèmes abordés à des classes de lycée dès la 2nde. La lecture cursive de notre pièce se joindra aisément à une séquence autour de l’argumentation en 2nde comme en 1ère. En classe de première, l’étude du théâtre sous l’angle du texte et de la représentation, offre la perspective de faire réfléchir les élèves sur des mises en scène de Tennessee Williams, par exemple, et de demander aux élèves d’inventer leurs propre scénographie d’Au Pont de Pope Lick. En classe de seconde, l’étude d’À l’Est d’Eden ou des Raisins de la colère correspondent tout à fait à l’objet d’étude le roman et ses personnages et la pièce Au pont peut alors être proposée en support de lecture cursive complémentaire à la lecture des romans de Steinbeck.
Plusieurs thématiques nourrissent cette pièce et permettent un large champ d’investigations qui s’inscrit aussi bien dans les programmes de français que dans ceux des enseignements d’exploration nouveaux pour la 2nde : la pièce Au Pont de Pope Lick correspond tout à fait à l’approche que doivent pratiquer les élèves concernant le regard d’un écrivain sur le monde d’hier et d’aujourd’hui.

Les relations entre ados difficiles, dangereuses, parfois perverses et échappant au contrôle des adultes peuvent être l’objet d’un groupement de textes contemporains ou non. On approfondira la notion avec la mise en perspective d’œuvres plutôt romanesques aux contextes divers. Les événements extérieurs influent-ils sur les relations qu’entretiennent ensuite les ados du même sexe ou non dans des relations d’amitié, d’amour ou de rejet ? Un pan important de la littérature pour la jeunesse et plus précisément les ados, aborde actuellement ce sujet sous l’angle des relations difficiles dans les familles. La cellule familiale désintégrée laisse l’ado dans l’abandon. Notre société moderne du rendement et de l’apparence peuvent aussi avoir des conséquences néfastes sur l’affectif et le psychique des jeunes. Guerres, périodes économiques difficiles jouent aussi sur les sociétés et en sont pas sans conséquence sur l’adolescent en plein développement. La pièce pose aussi sans doute la question de la responsabilité des parents et des adultes autour de ces jeunes.

On ne peut faire l’économie d’une réflexion sociale à la lecture de ces romans pour jeunes car avant la crise de 1929, on a cru à la croissance inexorable de l’entreprise et du travail pour tous et au développement sans faille du progrès.
La passion qu’expriment à grands renforts de détails les personnages pour le train est le reflet de cette fascination pour le monde des techniques industrielles en plein essor depuis le XIXème siècle. Les élèves s’interrogeront sur la présence de ces longs passages et de leur signification dans l’œuvre.
Les rêves que s’offrent les personnages dans leurs divagations verbales ou théâtrales (avec les ombres chinoises de Dalton et de son père) offrent des interprétations riches à mettre en regard d’actes étonnants et beaucoup moins puérils dans la pièce.
La prison et son rôle auprès d’une jeunesse délinquante parfois malgré elle offre une entrée argumentative riche également même si la vision qui en est présentée ainsi reste très intimiste. De tous temps, la prison est aussi le lieu de l’expression secrète de certains hommes dans le dialogue ou le monologue.

Dans la perspective de l’histoire des arts au lycée, l’enseignant fera établir des liens entre la pièce et la représentation par certains artistes d’une époque de l’histoire des Etats-Unis qui est la crise de 1929 et de ses conséquences durables sur l’histoire du pays. Le chômage et la pauvreté se sont installés durablement dans certaines régions. Le manque d’espoir atteint la jeunesse aussi qui aimerait changer de vie ou partir pour vivre une vraie vie. La guerre amènera une diversion bientôt mondiale à la crise mais l’image que certains artistes sans complaisance ont souhaité présenter alors de l’Amérique méritent d’être connue des élèves. On analysera le contexte des tableaux d’Edward Hopper, celui des photos de Dorothea Lange en particulier. Quelques textes de Tennesse Williams ou de John Steinbeck (ou les films adaptés de leurs œuvres) éclaireront le sens à donner à cette remise en question du rêve américain.