éditions Théâtrales Jeunesse

Au pont de Pope Lick

de Naomi Wallace

Carnet artistique et pédagogique

On demandera aux élèves avant de se plonger dans les dialogues, de lire uniquement les didascalies des cinq premières scènes en les isolant des dialogues sur un autre support que le livre lui-même.

Un tableau se construira d’après la mise en commun de leurs propres repérages textuels.

Les entrées pourront être : les lieux, les indices temporels, les personnages et leurs gestes et actes.

Les élèves listeront aussi les conclusions et les questions qui leur viendront à la suite des repérages.

- L’homme en prison n’est autre que Dalton (scène 2). Son état est triste et désabusé.

- Les scènes ne se déroulent pas selon un ordre chronologique : on observe des moments différents de la vie de Dalton avec des retours en arrière sur son existence avant la prison.

- À la scène 5, il est écrit « le présent » : c’est le temps de la double énonciation, le temps de la scène et celui de l’histoire qui sont semblables. Or le repère de ce temps correspond au repère spatial de la prison, la dernière étape de la vie du jeune homme. Le reste des scènes qui se déroulent à un autre moment prennent place avant celles qui évoquent son enfermement (« quelques mois après » nous est-il dit pour évoquer le temps de la prison à la page 20). Certaines se situent ailleurs dans un autre espace-temps (cet autre espace-temps sera à définir plus précisément par les élèves lors de leur lecture de l’œuvre et son ambiguïté apparaîtra alors plus clairement).

- Il est question d’un pont où les jeunes se retrouvent seuls, ce qui n’est sans doute pas le même espace que celui dans lequel Dalton est avec sa mère

- Quelques indications peuvent étonner et troubler dès la scène 1 : que peuvent signifier les phrases « Pace apparaît » page 7, « il ne voit pas Pace, bien qu’elle soit visible pour nous » page 8 ? On semble quitter le réalisme pour atteindre une autre dimension plus psychologique et plus poétique, Pace apparaît sur scène sans être vue du personnage de Dalton tout en étant présente dans ses pensées.

- Certaines indications empreintes de violence renvoient à l’ambiguïté des relations qui règne entre les deux jeunes gens : « elle le pousse un peu en arrière, mais pas trop fort » (page 12), (Pace) « sort un cran d’arrêt » (page 15), « elle commence à enlever sa robe » à la page 29, (Pace) « le gifle en lui arrachant sa robe » à la page 30. Dalton, le garçon qui finira en prison, semble subir l’agressivité (y compris physique) de la jeune fille.

- L’auteur accorde également une place importante à la référence des ombres chinoises qu’on peut créer de ses mains pour faire « apparaître » toutes sortes de figures : ce jeu enfantin est pratiqué par Dalton et Dray son père. Quel sens donner à ces moments dans l’économie de la pièce ?

Pour terminer ce premier cheminement textuel et ces premiers questionnements, on peut demander aux élèves de repérer dans la scène 5 à la page 31 la phrase qui explique l’emprisonnement du jeune Dalton : « je l’ai tuée ». Si on exclut le personnage de la mère encore vivant au moment de la prison, la victime toute désignée semble être la jeune fille Pace très présente à ses côtés dès le début de la pièce. Or elle-même a paru brutale en actes avec Dalton lorsqu’elle était seule avec lui. Le centre d’intérêt principal de l’histoire racontée dans cette pièce tournerait-il autour de la nature de la relation entretenue entre les deux jeunes gens ? Par ailleurs, il s’agit d’un crime, l’acte est grave, le ton de la pièce est donné.

On peut à ce stade du travail proposer la lecture intégrale de la pièce qui se lit très facilement, autant pour l’intérêt de l’histoire que pour les questions que le jeune lecteur est amené à se poser devant le puzzle d’informations et d’images qu’il découvre progressivement.

La dramatisation du récit : comment se met-elle en place à travers les choix d’écriture de l’auteur tout au long de la pièce ?