éditions Théâtrales Jeunesse

Objectif : Jouer une situation, pratiquer le courage civil et essayer différentes manières d’intervenir.
Lieu : Salle de classe

Exercice de mise en situation : improvisation avec trame

Un après-midi, je me promène en ville. Devant moi se tient un petit groupe ; un homme et une femme avec cinq filles, chacune d’entre elles entre dix et quinze ans. Nous arrivons au bout du pont sur lequel nous nous trouvons et l’homme veut continuer de marcher alors qu’une des filles regarde encore l’eau sous le pont en se tenant à la balustrade. Pour la faire avancer, il tire sur sa queue de cheval, si fort que des larmes se mettent à couler sur ses joues. Il remarque les larmes mais continue de tirer. Il finit par la lâcher, sourit et continue de marcher. Les quatre autres filles et la femme ne montrent aucune réaction et avancent avec lui.

Après quelques mètres, la jeune fille rattrape l’homme et le frappe avec son poing sur le bras. Il riposte, la fait tomber et continue de sourire bêtement. Elle le frappe à nouveau et lui crie « Connard ! », ce à quoi il répond : « Qu’est-ce que tu as dit ?! ». Finalement, elle le lâche et l’homme va raconter ce qui vient de se passer à la femme, qui continue de marcher sans répondre. Je remarque à ce moment que l’atmosphère est remplie de violence.

Ce n’est probablement que la partie immergée de l’iceberg, un masque porté en public, une petite mise en scène d’un abus de pouvoir. Je me demande comment est la situation de la jeune fille à la maison. Mais la vraie question à ce moment est : que dois-je faire ? Détourner mon regard ou intervenir ? Est-ce que ça me regarde ? Et qu’est-ce que je dis si je dis quelque chose ? À qui dois-je m’adresser ? Sur quel ton ? Comment faire pour ne pas me mettre en danger ?

Procédé : sept enfants jouent cette situation, sans distinction de genre. Les autres enfants peuvent intervenir au moment où le gros mot est prononcé – il peut aussi être remplacé par un autre mot. Celui/Celle qui veut intervenir dans la situation frappe une fois dans ses mains, après quoi les acteur·rices se figent et il/elle annonce brièvement ce qu’il/elle ferait.
Cela pourrait être : aller vers la jeune fille et lui demander si tout va bien, crier à haute voix « vous avez besoin d’aide ? » ou « j’appelle la police ! » ou passer devant la famille/le groupe de manière déterminée et la fixer dans les yeux. Il applaudit une seconde fois, la situation continue de se dérouler et l’action est mise en œuvre, les acteur·rices réagissant spontanément aux interventions. L’enseignant·e tape dans ses mains pour mettre fin à la scène. Après chaque intervention, il y a une discussion sur la façon dont cette expérience a été vécue par les acteur·rices, l’intervenant·e et les enfants qui ont regardé. Qu’est-ce que ça fait de faire preuve de courage civil ou d’être témoin de cette situation ? Qu’est-ce que cela pourrait faire d’être traité comme un « agresseur » en public ? Et que feriez-vous si la victime était un·e de vos ami·es ?