éditions Théâtrales Jeunesse

Cent culottes et sans papiers

de Sylvain Levey

Carnet artistique et pédagogique

Toujours sur les quatre premiers fragments

À l’inverse, ici vont être explorées des formes de mise en scène jouant avec le public. En effet, on ne peut s’empêcher de penser que ce théâtre retrouve quelque chose du théâtre de participation, avant l’invention du 4ème mur, quand on faisait du théâtre sur le parvis des églises, dans les auberges, sur la place des villages.

On pourra sensibiliser les élèves à ces formes de mise en scène en leur montrant des images de l’ouvrage d’André Degaine, L’Histoire du théâtre illustrée, ou bien encore des extraits de films comme le Molière d’Ariane Mnouchkine pour ce qui est des tréteaux de village où l’on voit comment le public apostrophait les comédiens, ce qui nous emmènerait aussi du côté du théâtre de marionnettes comme Guignol ou bien encore du côté du théâtre d’inspiration sociale à la Augusto Boal : on pourrait ainsi imaginer de construire une mise en scène de fragments de la pièce destinés à se jouer dans les rues ou dans des espaces publics pour faire croire aux gens que le texte est improvisé !

Rien n’empêche de penser la mise en scène de ce texte en théâtre d’objets ou à l’inverse en théâtre de voix, avec ou sans supports visuels ou de plateau.

Consigne donnée aux élèves : vous allez proposer une mise en scène des quatre premiers fragments, en cassant le quatrième mur.

Choix possible : réelle mise en jeu et en scène ou rédaction semi-collective d’un cahier de régie

Si l’on reprend le premier fragment et les pistes de cahier de régie présentées plus haut, on pourrait ainsi imaginer la mise en scène suivante :

Le chœur des enquêteurs surgit du fond de la salle et part à la recherche d’indices au milieu du public. La salle reste éclairée. Ils découvrent des vestes militaires, qu’ils se passent de mains en mains, d’un bout à l’autre de la salle en s’apostrophant bruyamment :

Quel drôle de
Petit
Militaire peut porter cette veste
US Army
Taille trente et quatre ?

Une poursuite s’immobilise sur une fille, assise au premier rang, à jardin, vêtue de la même veste militaire. Lumière crue, froide. Le Chœur des enquêteurs ne la voit pas. Elle se lève, parle aux spectateurs, colère et révolte :

Le soldat première classe s’appelle
Clémence

Le chœur des enquêteurs continue son jeu de recherche et brusquement l’un des enquêteurs trouve un indice, une étiquette :

Clémence

Passage de mains en mains, le chœur se retrouve groupé en avant-scène ou au pied de la scène, pleins feux, adresse au public

Quel drôle de prénom
Pour celle qui porte une arme.

Le chœur des enquêteurs, de plus en plus fébrile :

Une tache
En bas
Sur la couture de la poche

La fille, impatiente

Celle de droite

Le chœur des enquêteurs

Du sang ?

La fille, mépris

Non

Le chœur des enquêteurs sort ses éprouvettes, mesure, teste

Il semble non

La fille rit à gorge déployée de sa farce involontaire,

Du chocolat

Elle va montrer le chocolat sur sa veste à un certaine nombre de spectateurs

Du chocolat
Du chocolat
Du chocolat

Ad libitum
Le chœur des enquêteurs, déception manifeste.

Du chocolat
Il semble oui

La fille, adresse public, découragement, lassitude, douleur, monte sur scène.

Du chocolat oui

Le chœur des enquêteurs sortant leurs carnets, mines dépitées

Du chocolat oui pas du sang non.

La fille, adresse public large

Quelle drôle de
Petite
Guerre.

Elle sort brusquement en fond de scène jardin, comme apeurée.
Le chœur des enquêteurs rangeant leurs carnets, en s’adressant aux spectateurs

Quelle drôle de
Petit
Régiment.

Ad libitum
Ils s’assoient dans le public à des places réservées à cet effet.
Noir salle