éditions Théâtrales Jeunesse

Danse Célestine

de Sabine Tamisier

Carnet artistique et pédagogique

Premiers objets et actions signifiants

On demandera de lister :

- Toutes les informations que l’on a apprises, dès cette entrée dans le texte (éventuel rapprochement avec les hypothèses émises à partir de la couverture)

- Puis les OBJETS et ACTIONS de Célestine : ses chaussons de danse, qu’elle balance devant ses jambes (« elle saute du carton, jette les chaussons, part en courant » p.10) à l’appel de son père. On amènera le groupe à expliciter les sentiments exprimés par ces actions (au début de la pièce : solitude, ennui et à la fin de cette partie : vivacité, réactivité pour aider) et leur symbolique : Célestine jette ses chaussons pour aller au secours de son père et « ‘tit grand frère ».

- On fera alors remarquer que lorsqu’on lit un texte de théâtre, les didascalies peuvent informer autant que le dialogue, que donc, dans la suite de la lecture, il ne faudra pas les sauter.

Première approche de cette théâtralité particulière

On pourrait dès maintenant proposer à deux élèves d’esquisser une première recherche de mise en jeu. L’un joue le père, l’autre Célestine. À défaut de chaussons de danse, on prendra n’importe quel objet présent dans la classe pourvu qu’il ait un certain poids et puisse être balancé, puis jeté.

Après avoir tracé au sol l’espace scénique le plus grand possible, on demandera aux acteurices d’aller se placer. Il se pourrait que d’emblée les deux se placent dans l’espace scénique : on les laisserait jouer la scène ainsi.

Soit par l’échange entre acteur.ices et spectateur.ices, ou mieux, en demandant aussitôt après à deux autres élèves ce qu’ils proposeraient eux, on amènera les enfants à prendre conscience qu’on ne doit pas voir le père dans l’espace scénique, que Célestine doit être seule visible des spectateurs. L’enfant qui joue le père se placera, suivant les lieux, soit dans le couloir (comme en coulisses), soit à défaut derrière les spectateurs et de dos. On questionnera les effets produits sur le jeu (volume sonore des voix quand on se parle de loin ; en passant, on portera aussi attention aux capitales d’imprimerie) et sur la perception du personnage de Célestine par les spectateurs (sa solitude « crève le plateau », dans ce grand espace vide, mais le père lui aussi est seul à faire face, en coulisses).

Cette double attention aux actions de Célestine (pas seulement à ses paroles) et à cette théâtralité scène/coulisses (voix off) sera encouragée pour la suite de la lecture. Au besoin, en classe, on dessinera au tableau systématiquement la scène, les coulisses (occasion de découvrir le principal vocabulaire spécifique de l’espace théâtral) ; avec aimants ou craies de couleurs on placera et déplacera, à chaque sous-partie des scènes, les personnages du plateau aux coulisses.

On pourrait suggérer aux élèves de faire de même en volume, à la maison, à partir de figurines et d’une boite de chaussures, avec des découpes sur le côté pour les sorties en coulisses.

Poursuite de la lecture du 1er tableau jusqu’à la page 20

Avant d’enchaîner la lecture, on pourrait faire jouer simplement les deux didascalies p. 10 (« Elle saute du carton […] Bruit de vaisselle qui casse. »), l’adulte lançant « bruit de vaisselle qui casse ». Ainsi, on donnerait à nouveau à voir que, à sa première apparition, le père a pour objet un carton de vaisselle, et pour première action de la casser. Symbolique : il est seul également, et en difficulté.
On formera un cercle, le/la pédagogue est dans le cercle et lit les didascalies. Comme il n’y a que deux personnages et que les répliques sont courtes, on ne dira pas les noms des personnages, on changera de lecteur à chaque réplique. À cette première étape, il s’agit avant tout de faire résonner la langue.

Consigne : on va découvrir ensemble la suite de l’histoire, simplement la découvrir. Alors ne cherchez pas à mettre le ton (cela viendra plus tard quand on essaiera de jouer), faites seulement sonner les mots comme si vous les mâchiez, comme si vous les mettiez debout devant vous, (l’adulte montrera ce qu’est une lecture molle et une lecture tenue) ; laissez un petit temps de silence entre chaque réplique et à chaque point et variez le volume de votre voix si le personnage parle à l’autre, de loin. Au besoin, l’adulte reprendra, sans commentaires ni appréciations, la réplique de celui ou celle qui n’aurait pas joué sur le volume.

Autre consigne pratique à rappeler sans cesse : tenez le livre à hauteur de vos épaules pas de votre bouche, ni de votre taille (dégagement de la respiration, voix qui part devant soi et non pas dans le sol).

Poursuite de la lecture de la page 21 à la fin

Toujours en cercle, cette fois assis, afin de maintenir l’attention des élèves et de laisser place à l’imagination, l’adulte prendra en charge la lecture de tout le monologue de Célestine, didascalies et répliques, dans l’esprit de la lecture précédente, en marquant les temps, sans trop interpréter. Avant de commencer, on aura demandé à un(e) enfant, si possible de l’autre côté du cercle pour faciliter la projection de la voix, de lire le père à partir du bas de la p. 23.

Temps d’échange collectif libre

Après ce long temps de lecture, on pourra échanger sur la situation, les problèmes rencontrés, les personnages de Célestine, du père et de Léonardino et de ‘tit grand frère. Deux types d’échange : l’expression objective (les nouvelles informations apportées par cette scène d’exposition) ; l’expression subjective (le ressenti de chacun). Dans tout ce qui se dira, l’adulte s’attachera à réinvestir, à mettre en évidence ce qui l’aura été au tout début : occupation de la scène et du hors-scène, chassé-croisé des personnages ; objets et actions symboliques.

L’adulte pourra aussi choisir d’amener les enfants à ce réinvestissement en demandant un petit travail en classe ou à la maison : dans une colonne, lister les objets qui interviennent dans l’histoire, dans l’autre ce qu’en fait Célestine, à partir de l’exemple des chaussons de danse ci-dessous. Il faudra prendre soin de sauter des lignes entre chaque objet repéré pour pouvoir compléter ce que deviennent ces objets au fil des scènes.

Chaussons de danse > elle les fait se balancer devant elle/elle les jette par terre pour aller aider son père/elle danse avec /elle les range dans son sac/etc. De même pour la couche sale (p. 25), la pierre précieuse (p. 51), un bouquet au milieu des cartons (p. 28), des boutons (p. 32), un chandail, etc.

Détermination de la situation initiale et de son évolution

Sabine Tamisier adopte une forme théâtrale classique. Si son théâtre de l’intime ne joue pas sur l’intrigue, elle pose dans le premier tableau une situation qui, par une série d’événements et d’actions, sera amenée à évoluer pour aboutir à une situation finale transformée. En faisant le parallèle avec la construction du conte, on engagera les enfants à poser la situation initiale : Célestine arrive dans un nouveau lieu de vie qui ne lui plaît pas, elle regrette que sa maman ne soit pas plus à la maison, son papa est confronté à une vie difficile, elle pense que la danse est finie pour elle, elle tente d’entrer en contact avec les voisins qui refusent de lui répondre. Rien ne va bien pour elle, sauf son amour pour ‘tit grand frère et pour son père. Pourtant, on remarquera que déjà elle rit ou chante.

On demandera aux enfants de formuler les questions qu’ils se posent sur la suite : Célestine va-t-elle s’habituer à son lieu de vie ? Va-t-elle entrer en contact avec ses voisins ? Va-t-elle arrêter la danse ? Va-t-elle continuer à supporter avec autant de légèreté sa vie compliquée par le handicap de son frère ?