éditions Théâtrales Jeunesse

Du temps que les arbres parlaient

de Yves Lebeau

Carnet artistique et pédagogique

Le sujet nécessite, sans doute plus qu’à l’ordinaire, qu’on n’hésite pas à consacrer du temps à prendre des détours, en conduisant les élèves à se créer un imaginaire de l’œuvre (appropriation et mise à distance) pour ensuite donner au texte toute sa force en le lisant d’un trait, autant qu’il sera possible.

Rêver le titre

L’enseignant est seul à avoir le livre, il le montre.

- L’image de couverture : que voit-on ? Un ballon (signe de reconnaissance de la collection « Théâtrales Jeunesse » dont on montrera d’autres titres)
A quoi peut-il faire penser ? et les couleurs ? On notera pour mémoire dans tout l’espace du tableau, les substantifs évoqués (ventre, naissance, Terre, paroles qui éclosent, enfermement, échappée, respiration etc.)

- L’enseignant lira le titre Du temps que les arbres parlaient lentement pour donner de la présence aux mots. Les réactions spontanées devraient conduire à imaginer une histoire apparentée à un conte remontant à un temps lointain. Les arbres ont-ils parlé un jour et ne parlent-ils plus ? On fera allusion aux arbres oraculaires de l’Antiquité (voir dans Mythologie des arbres de Jacques Brousse p. 217-218 (Payot, 2001) : L’Odyssée, Ulysse consultant le feuillage du grand chêne de Zeus ; et Dictionnaire des symboles de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant (R. Laffont, 1997)). Ces croyances se sont perdues, mais par rapport à d’autres végétaux n’a-t-on pas parfois l’impression que les arbres parlent ? Dans quels cas ? Comment ? De quoi pourraient bien nous parler les arbres s’ils avaient un autre langage que leurs bruissements ou fureurs ?

Expérience sensible

Si on a la chance que la cour de l’école ou du collège possède des arbres, des vrais, ou que la nature soit là toute proche, ou à l’occasion d’une sortie à visée scientifique en forêt, on amènera les enfants à explorer de manière solitaire, un dialogue des cinq sens avec un arbre, à le regarder de loin, de près, de très près l’écouter, le sentir, le toucher (pas seulement de la main mais de tout le corps).
En cercle sur place, les enfants qui le voudront feront part de leurs impressions.

Rêver autour des personnages

(On reviendra un peu plus tard sur la citation en exergue du texte).
Ce qui se confirme ? Ce qui apparaît ? Dans quels cas un enfant pourrait-il avoir envie d’aller parler à un arbre ? On préférera la troisième personne à la deuxième pour éviter la gêne ou les confidences directes possiblement gênantes.
(Texte en réseau : le roman jeunesse Mon Bel oranger de José Mauro de Vasconcelos (Livre de poche, 2007)).

Écriture

L’arbre de la cour de récréation s’adresse à un enfant assis seul à ses pieds, lui confiant les petits riens et les grandes choses qu’il a vus ou vécus. L’enfant l’écoute en silence.
Quelques élèves volontaires liront leur proposition de texte, tous pourront être affichés ou consultables sur l’ordinateur de la classe.
On introduira alors les notions théâtrales de monologue (voir p. 56) et de tirade (p. 41).
On pourrait aussi mettre de côté ces textes (ou en choisir un à travailler collectivement) et le(s) reprendre plus tard lorsque l’écriture d’Yves Lebeau aura été appréhendée, pour faire que les récits prennent une force théâtrale.

Rêver autour de la citation en exergue

Au tableau, en deux colonnes, inventaire collectif, d’abord de ce qui pourrait faire dire que la vie vaut la peine d’être vécue, puis le contraire (là encore on mettra les réponses à distance par la neutralité de la 3e personne). Peut-être serait-il intéressant que l’enseignant lui-même participe à l’inventaire (effet rassurant de l’adulte qui, lui aussi, a un point de vue complexe sur la vie mais, comme l’Arbre, a traversé les épreuves et se tient debout…)

Après avoir fait la synthèse des hypothèses sur le texte, on laissera reposer tout ce travail et lancera la lecture la séance de cours suivante.

Modes de lecture

La langue d’Yves Lebeau, sonore et rythmée, appelle la voix (oralité de la langue). Au-delà, la lecture à voix haute vécue collectivement et uniquement en classe semble ici une réponse pédagogique à la crainte éventuelle du sujet : le souffle, la beauté du texte, transcenderont la thématique, particulièrement dans les quelques passages durs, et ce qui parlerait trop fort à l’intime en lecture silencieuse sera extériorisé.
Pour cela, l’idéal serait aussi que la découverte du texte se fasse d’un trait. On retrouverait ainsi les conditions de la découverte au théâtre : découverte collective ; puissance de la langue donnée par la voix des acteurs ; passage en un souffle, de la dureté à la fin lumineuse, rassurante.
Intérêt pédagogique et antidote à la lassitude : trouver des modes de lecture à voix haute, les plus variés possibles.
Important : dès les premiers travaux de lecture, on veillera à ce que chaque élève prenne l’habitude de tenir son livre au niveau de sa poitrine et non pas son menton. Répéter cette demande chaque fois que nécessaire…