éditions Théâtrales Jeunesse

Du temps que les arbres parlaient

de Yves Lebeau

Carnet artistique et pédagogique

Du temps que les arbres parlaient est habité par les « mouvement d’air » dans les premières séquences, « la respiration de la plaine » ici. Ils sont la respiration de L’Arbre et s’opposent aux refus de respirer de L’Enfant (couverture, sac plastique, enfermement dans l’arbre). On pourrait même dire que c’est à la fois, la caractéristique des deux personnages, la pulsation du texte et la métaphore de la leçon métaphysique qui s’en dégage : accepter la douleur mais respirer la vie, s’abandonner à elle.
Le travail du souffle proposé n’est donc pas une préparation technique à la diction du texte ; pas seulement non plus, un cheminement vers l’expression des vents, par la voix des élèves, mais une exploration sensorielle du souffle vital qui parcourt le texte.

Exploration sensorielle du souffle : debout, repartis dans l’espace

- Découverte du souffle en soi. On ne saurait trouver exercices plus appropriés à la mise en voix de ce passage que ceux proposés dans le chapitre II « Les variations du souffle » p. 13 à 16 de l’excellent 11 rendez-vous en compagnie de Robin Renucci écrit avec Katell Tison-Deimat (Actes Sud, 2005), pédagogue du travail corporel et théâtral avec des enfants et des jeunes (ouvrage très riche en exercices et exploration de textes méritant dans son ensemble, consultation ou achat).

- On pourra ajouter ou adapter les suggestions d’improvisations à deux, celui qui souffle / celui qui est soufflé (dont le corps est agi par le souffle de l’autre), en s’appuyant sur les différents vents évoqués par L’Arbre p. 10 : les élèves seront invités par la lecture expressive de l’enseignant, tour à tour, à exprimer l’un le vent, l’autre l’arbre (peuplier, bouleau, chêne). Puis, (préparation à la mise en jeu de la scène d’orage) avec variantes : temps calme/orage tempête ; brise, bise, zéphyr, blizzard, ouragan. On aura esquissé là une première figuration de L’Arbre et un premier dialogue.

- On terminera cette exploration à deux, par les mêmes exercices en deux chœurs (selon une progression, d’un chœur de vent d’abord immobile à en mouvement, le chœur arbre restant lui enraciné. Pour mesurer l’effet produit, partager ensuite la classe en deux groupes spectateurs / acteurs puis inversement). Le bilan de ce troisième temps permettra de mesurer la part du corps qui doit rester immobile et celle qui va bouger sous le vent ou pour exprimer la colère, la tendresse etc.

Du souffle à la voix

On est passé de l’exploration du souffle à son expressivité. Celui-ci se prolongera par la recherche vocale des voix de L’Arbre et de L’Enfant p. 65-66

Voix de L’Arbre :

- Exploration de la colonne de sons sur A du plus grave (voix de poitrine) au plus aigu (voix de tête). Prise de conscience de la sensation de résonance qui passe par l’arrière-gorge et descend dans la poitrine ; qui monte dans la tête.

- Même exercice avec TU répété (premier mot de L’Arbre) de la voix de gorge à la voix de tête. On donnera l’image de la sirène du bateau, de celle des pompiers etc.

- Même exercice avec la didascalie « grondante sa voix, une voix de terre » : on part de sa voix naturelle puis on reprend l’expression par paliers vers l’aigu, paliers vers le grave. Jusqu’à ce qu’on ait trouvé sa voix de poitrine confortable. L’enseignant passe auprès de chacun pour aider à mesurer.

- On peut alors faire parler L’Arbre dont la tête est au-dessus de L’Enfant (non seulement à l’intérieur mais plus bas) comme si sa voix descendait dans ses talons. Par exemple avec « Tu me reçois ? C’est comment, dedans ? »

Recherche de la voix de L’Enfant p. 66

On explore maintenant le son dans l’espace extérieur.

- On passera ou non par l’exercice individuel consistant à dire une phrase à l’oreille à 1 personne à 2, 30, 50, 100, 10 000. Pour aider, on indiquera des lieux à atteindre dans l’environnement. Pour éviter la monotonie choisir trois ou quatre phrases pas trop longues parmi les didascalies de ce passage (plus neutres, elles évitent le parasitage de l’expressivité).

- Sinon on s’en tiendra à explorer collectivement, à partir de « Cinq sur cinq » et ou « Ça pue, c’est étroit », comment L’Enfant pourrait parler à L’Arbre, dont la tête est au-dessus de lui. Dire la phrase à quelqu’un à côté de soi, au rez-de-chaussée ; dans l’escalier l’étage au dessus, au troisième, dixième. D’abord les élèves s’aideront du suivi de la tête et du regard puis même exercice sans le regard, en imaginant la distance au-dessus.

- Aboutissement : exercice à préparer à deux pour présentation aux camarades. L ‘Arbre debout, L’Enfant assis à ses pieds, s’adressent cinq lignes de ce dialogue côté Arbre, puis les mêmes, reprises côté Enfant (les réponses en petite italique seront murmurées). On répartira l’ensemble des répliques pour permettre d’entendre le tout, au moment de la présentation.