éditions Théâtrales Jeunesse

Du temps que les arbres parlaient

de Yves Lebeau

Carnet artistique et pédagogique

On rappellera les analyses précédentes des chapitres L’Arbre, anthropomorphisme et mythologie ; L’Argile, matière des origines.

Suivant le temps dont on dispose on s’entraînera à quitter le texte des yeux en fin ou en cours de réplique pour l’adresser (voir Note d’intention Bibliographie générale).

Sous Séquence 1, p. 61-64

En duo 1 Arbre (détaché du chœur)/ Un Enfant (idem). Didascalies lues par le chœur Enfant (elles parlent de L’Enfant) sauf la dernière lue par le chœur Arbre (elle parle de L’Arbre et du paysage).

Consignes aux deux lecteurs désignés par leurs pairs ou tirés au sort parmi les volontaires :

- Pour L’Enfant mettre en évidence que l’idée de rentrer dans le ventre de L’Arbre lui vient spontanément, comme un jeu. Il est décidé et calme.

- Pour L’Arbre, exprimer les émotions : surprise, crainte de ce jeu dangereux puis acceptation en un acte protecteur, paternel/maternel (« Fils »). Lui sait qu’il ne l’étouffera pas. Attitude de L’Arbre à trouver ?

Consignes aux chœurs pour lecture des didascalies : rester groupés ; répartir la parole

- chœur d’enfants (3 ou 5 ?) : donner à imaginer la progression de l’entrée dans l’Arbre, la tension qui s’en dégage. Essayer le redoublement de certaines phrases.

- chœur d’arbres (3 ou 5 ?) : faire imaginer l’effacement de l’enfant, la lumière qui disparaît doucement, par le rythme (allitérations en s) puis à l’opposé, l’apparition théâtrale de L’Arbre en dur.
Au moment de la lecture en public, on n’oubliera pas d’annoncer « Samedi » pour marquer le passage du temps comme on annonce « Dimanche ».

Sous Séquence 2, p. 65-67 jusqu’à « le souffle est court »

Un Chœur Arbre/ Un chœur Enfant (pour la lecture en public il se sera rapproché sur la fin de la didascalie p. 64, et peut-être assis au pied de L’Arbre, légèrement décalé pour ne pas écraser l’image par un magma de lecteurs et pour permettre le détachement ultérieur des deux lecteurs Arbre/Enfant dans la Sous Séquence 3.
Un Chœur à l’avant-scène et à l’opposé des deux autres, pour lire les didascalies. Ces lecteurs continueront à les lire jusqu’à celle haut de la page 70.

Consignes

- Chœur didascalique (dans un premier temps, il travaillera séparément) : proposer une répartition qui fasse entendre les différences de typographies et de sens ; jouer entre une voix neutre et une voix très expressive, de la profération au murmure ; essayer après « la respiration de la plaine », un travail choral du souffle qui imite le vent.

- Chœurs Enfant et Arbre : réinvestir le travail collectif préparatoire ; tenir compte de la consigne de l’auteur en bas de page ; exprimer la progression d’un jeu joué en complicité « Tu me reçois ? – Cinq sur cinq » « faire l’œuf comme au ski » « comme dans une fusée » au jeu à lui faire peur, pour qu’il se rende compte enfin de ce qu’est mourir (on doit deviner, à partir de « L’oxygène va manquer » ou « Tchao, fils », qu’il joue, sentir qu’il n’étouffera pas l’enfant). À ce moment-là, c’est L’Enfant qui doit renvoyer la panique, L’Arbre reste rassurant pour les spectateurs.

Occasion de travailler sur une adresse, double : parler à l’enfant mais en fait s’adresser aux spectateurs. Comment faire ?

Sous Séquence 3, p. 67- haut de page 71 (fin de la didascalie) : p. 67 à p. 68 « plein la bouche ! »

Chœur de L’Enfant sur les répliques d’enfermement. On cherchera à effacer l’image du chœur d’arbres pour accuser la solitude de l’enfant se mettant en danger : livres baissés, regards neutres, recul, demi-tour de dos ?

Consignes : repérer les adresses différentes à L’Arbre, à lui-même, éventuellement au public ; les différents états (rage, appel au secours, insulte, interrogation). Tout cela déterminant la répartition du texte entre lecteurs et les rythmes.

p. 68-70 Un Enfant et un Arbre en coryphées

- Consignes Enfant Arbre : après l’expression de la panique, on retrouve l’apaisement, la lumière et même, après la 1re pointe d’humour de la trompette, le rire des chatouilles. La conversation se calme ponctuée de silences. Donc chercher le rythme qui convient et jouer sincère. Essentiel : faire ressortir les deux répliques « Elle était pas bonne » « Je me suis trompé » : L’Enfant a enfin compris qu’il avait tort de vouloir mourir

- Longue didascalie p. 70 (à travailler en présence de l’enseignant) : lecture qui partant du chœur des didascalies, gagne les chœurs d’Enfant et d’Arbre et même le duo de lecteurs précédent, comme une explosion chorale et spatiale, qui figure cette frénésie de vie. À la fin, les lecteurs non occupés dans la suite se sont évaporés en coulisses, seuls restent les chœurs enfants arbres de trois ou cinq lecteurs, le but étant d’arriver à vider progressivement l’espace pour la scène finale
On s’interrogera sur la présence possible de la trompette non pas pour que l’on en joue (on entrerait dans la mise en jeu) mais comme unique objet signifiant du texte, et sur la possibilité d’un très bref effet musical après Il jouait ça ton père symbole et annonce de la scène de frénésie décrite (à prolonger pendant la lecture de la didascalie ?)

Sous Séquence 4, p. 71 – à fin didascalie haut p. 76

En chœurs Enfants Arbres de trois ou cinq lecteurs. Sans doute d’abord dialogue de coryphées p. 71 (longueur des répliques et tonalité de deux copains du même âge en pique-nique) puis les choreutes se mêleront à la conversation pour exprimer le trop-plein de vie enfin lâché. Essayer une lecture des rares didascalies, têtes de lecteurs sortant des coulisses ? Ce qui exprimerait la gaieté désordonnée de cette sous séquence ?

Consignes : observer la longueur des répliques et ce qu’elles induisent ; bien distinguer les adresses ; exprimer, par la répartition des voix et les rythmes, cette assurance grandissante, cette sur affirmation de L’Enfant ; y opposer le calme de L’Arbre qui a repris son image de Sage. Pendant tout ce passage, il se contente de commenter, d’observer (répliques très courtes) : son œuvre est finie.

Sous Séquence 5, p. 76 à FIN

Duo un arbre et un enfant ; didascalies en voix off, enregistrées ou avec micro par une seule voix pour accompagner avec L’Arbre, L’Enfant vers la vie (cette voix off travaillera en recherche avec L’Arbre et L’Enfant). Objectif : laisser à la fin, l’enfant seul.

Consignes :

- Commencer par le travail sur les didascalies, chercher comment lire « le temps » et réfléchir à ce que cela suppose pour le rythme de ce passage (sorte de ralenti, avant l’équivalent d’un baiser à la vie final)
p. 78 : lire de manière à faire imaginer ce que le spectateur verrait au théâtre. S’interroger sur la question « tu es qui ? » intégrée à la didascalie et non pas en réplique : qui la dit ?. Faire des essais et proposer une ou deux solutions.

- Proposer le placement des deux personnages et celui fictif de la Robe de manière à ce qu’on ait l’impression qu’elle vient de loin, d’abord à travers le regard de L’Arbre et à la fin par celui de L’Enfant. Se demander à quel moment L’Arbre / lecteur doit s’effacer. Proposer l’image finale sans paroles de L’Enfant.

Pour une lecture, il n’y a pas lieu de matérialiser « La Robe », mais on se demandera ce qui est le plus fort : la faire vivre dans le seul regard de l’enfant ? Créer l’apparition d’une robe ? D’une fille toute simple de la classe sans costume ? Puisque après tout, la lecture a mis en valeur des enfants lecteurs et non des interprètes. Cette question ne sera tranchée que par l’expérimentation, une fois toute la lecture enchaînée, et après rappel des échanges de la classe à la fin de la lecture cursive (voir C 7 jours durant vouloir mourir et renaître à soi-même).

À ne pas négliger : pour que la lecture ou la mise en jeu chorale prenne toute sa force, on travaillera les déplacements qui ne doivent pas casser la lecture mais au contraire la porter ; la concentration du chœur, qui doit se sentir comme une seule voix, une seule respiration. Il pourrait être très utile de s’entraîner, par des exercices spécifiques (voir À propos chœur dans Note d’intention Bibliographie générale).