éditions Théâtrales Jeunesse

Kesta

de Manon Ona

Carnet artistique et pédagogique

Consignes données aux élèves :

a) Comment est découpée la pièce ?

Distinguer acte et scène, rappeler que ces subdivisions sont attachées au théâtre latin puis classique et correspondent à la fois à des découpages de lecture (étapes de l’action et entrées des personnages) et à des contraintes techniques (décor). Ici il n’y a pas d’acte ni de scène annoncés par une didascalie.

b) Interroger la forme fragmentaire : Combien de fragments ? Une seule action à suivre ? Quelle temporalité ? Quelles combinaisons de personnages ?

À consulter : Qu’est-ce que la dramaturgie ?, Joseph Danan (Actes Sud, 2010)

c) Lire un des 11 fragments (travail en binôme) et repérer les indices de temps, de lieu, identifier les personnages présents et l’action principale. Rendre compte de sa lecture aux autres groupes puis reconstruire l’histoire.
Compétence travaillée : « Lire une œuvre complète et rendre compte oralement de sa lecture » (Bulletin officiel, p. 234), « formuler des impressions de lecture » (Bulletin officiel, p. 235)

FragmentsKestaL’Homme sans années C. qui a raté la navetteMoment Action
1. X X Soir Partager un repas
2. X X Soir Kesta écrit sur le mur puis jette des papiers
3. X X X Matin Marcher ensemble ou pas
4. X X Soir Kesta abîme la boîte de conserve
5. X X X Matin Marcher ensemble ou non
6. X X Journée C. écrit sur le mur pour Kesta
7. X X X Soir C. fait une déclaration d’amour/d’amitié à Kesta qui s’enfuit
8. X X Matin Kesta jette des papiers
9. X X Soir C. suit Kesta
10. X (X) X Matin Kesta tape le mur
11. X X Soir Kesta s’installe à côté de l’Homme
  • La construction dialoguée s’ancre dans un lieu unique et dans une temporalité très régulière, monotone : matin/soir et rythme des navettes scolaires. La durée de la pièce est de cinq jours, approximativement une semaine scolaire. L’Homme sans années évoque même une temporalité minute par minute : 6h30, 7h, 7h45, 7h50 (p.9) routine immuable et asphyxiante qui va être brisée par les deux « accidents » (étymologiquement « ce qui arrive ») : le passage des enfants qui ratent volontairement la navette.
  • On notera la présence permanente de l’Homme sans années au plateau, présence parfois silencieuse comme dans le fragment 10 où il s’efface pour ne pas interférer dans la rencontre entre les deux adolescents.
  • Les rencontres de Kesta et de l’Homme sans années sont régulièrement interrompues par C. qui a raté la navette dans les fragments 3, 5, 7 et 10. Kesta disparaît à deux reprises, dans les fragments 6 et 9, pour laisser dialoguer C. qui a raté la navette et l’Homme sans années.
  • Ainsi la construction apparemment simple s’avère révélatrice du rôle essentiel de l’Homme sans années qui arrête et rapproche les adolescents qui roulent « comme des cailloux » (Kesta, p.40). À la solitude du SDF répond également le duo final.
  • Noter les actions permet de distinguer les attitudes de refus et de violence comme jeter des papiers, abîmer, taper, fuir ; et les actes de rencontre : partager un repas, s’écrire, marcher ensemble ou s’asseoir côte à côte. On remarquera l’alternance scène à scène, cette progression chaotique souligne la difficulté à créer des liens et à les accepter.