éditions Théâtrales Jeunesse

L’Apprenti

de Daniel Keene

Carnet artistique et pédagogique

Interrogation sur le rôle d’une didascalie initiale.

Ici, Keene présente très explicitement les conditions dans lesquelles la pièce va se dérouler :

Quels sont les protagonistes ?

Il y a deux personnages :

  • Julien, « douze ans » = > préadolescence, période de grand bouleversement, on devient adulte, remise en question du monde, des parents
  • Pascal « la quarantaine » = > période de changement dans la vie, on a des enfants, ou on en a eu, ou on n’en a pas, mais ça pose question

    On note que Julien est « un garçon » et Pascal « un homme ». On peut réfléchir sur la distinction entre les deux. Ils sont clairement opposés en ce point : Pascal a l’âge d’être le père de Julien, leur relation sera probablement pensée à l’aune de ce fait.

    Par ailleurs, on peut noter qu’on parle dans le langage courant de crise d’adolescence, et de crise de la quarantaine. Les deux personnages peuvent donc être concernés par ce genre de remise en question.

Toutes ces informations peuvent s’avérer utiles pour la mise en scène de la pièce. Elles donnent une première indication sur les personnages, leurs possibles rapports, etc.

Dans quel environnement évoluent les protagonistes ?

Keene indique de suite que « Seuls les objets indiqués dans le texte devront apparaître sur scène ». On peut réfléchir à la portée de cette phrase.

L’auteur demande à la personne qui met en scène sa pièce de ne rien ajouter d’extérieur au texte : « L’image du plateau devra être aussi simple que possible », c’est-à-dire ne rien montrer d’autre que ce qui est dans le texte.

Pour lui, le texte se suffit donc à lui-même. Une attention toute particulière sera donc à porter à la parole. C’est par la parole que les personnages vont exister.

Par ailleurs, Keene insiste sur le cadre spatio-temporel. Il affirme que la mise en scène doit montrer les lieux où se passe l’action et doit rendre compte du temps durant lequel elle se déroule. Il donne quelques indications pour le faire : pour les lieux, pas de décors « réalistes », mais des ombres, des écrans, des bandes sonores ; pour le temps, des costumes qui évoluent en fonction des saisons, et la présence des « titres » des scènes. On peut noter le vocabulaire employé par Keene : « suggérés », « figurés », « refléter ». Les éléments de mise en scène qu’il propose n’ont pas pour but de reproduire la réalité, mais de la représenter. Il s’agit de faire confiance à l’imagination des spectateur·rices et des lecteur·ices.

C’est en ce sens qu’il écrit « Le plateau en soi devra demeurer aussi ouvert, aussi vide que possible ». La faible quantité d’éléments sur le plateau, fait que chacun d’eux revêt une très grande importance. Un costume, un accessoire, ou un son suffira donc à créer une atmosphère particulière dans laquelle une scène se déroulera.

Cette didascalie initiale apparaît donc comme un avertissement au lecteur ou à la lectrice. Elle présente les personnages de la pièce en donnant quelques informations sur eux et sur leur éventuelle relation. On apprend que ces personnages existeront par le texte, et que les didascalies présenteront par quelques éléments l’atmosphère de chaque scène. Keene applique ces principes dans les pages qui suivent.