éditions Théâtrales Jeunesse

L’Entonnoir

de Jean Cagnard

Carnet artistique et pédagogique

La scène 3 ne joue aucun rôle sur le plan dramatique, il n’arrive rien de nouveau à Précair. Ce dialogue avec Homme sympathique permet avant tout de focaliser le regard du lecteur ou spectateur sur l’expression concrète de la situation insolite et drôle de Précair. Homme sympathique est en quelque sorte le porte-parole du spectateur sur scène : il exprime son questionnement et oriente son regard.
Pour cela, Jean Cagnard adopte une écriture dialoguée toute en reprises et variations, questions / réponses (on pourrait dire questions sans réponses ce qui renforce l’insolite) une écriture économe aussi : le dialogue joue sur 3 / 4 notes reprises d’une réplique à l’autre, « bras », « tomber », « arbre » « regarder ». Cette écriture s’inscrit dans la grande tradition du dialogue aux répliques courtes, jeu de questions réponses, propre à la marionnette classique type Guignol (de même sc. 5 le héros et sa femme ; sc. 9 le héros et le « gendarme »). D’où le choix de la mise en jeu proposée.

Suivant le temps dont on dispose, on pourrait ne travailler que sur la 1ère partie, qui se termine p. 11 par : « Alors ? Mon bras tombe ? » / « Non »

Du jeu d’acteurs…

Parce que la marionnette ne prend vie que si son manipulateur l’accompagne, on passera d’abord par

  • une appropriation collective du texte dans l’espace marche ; arrêt donné par l’adulte ; constitution d’un duo avec le camarade le plus proche ; reprise de la marche ; arrêt par l’adulte : le duo s’échange les répliques de loin en se regardant (obligation de l’articulation et profération) ; l’adulte fait arrêter et reprendre la marche à chaque fois qu’il est écrit « temps ». On réitère l’exercice en précisant la consigne : créer un effet d’écho sur les mots repris « bras » « tomber » « arbre » « branche » ; puis on s’amuse avec le texte : le dire au ralenti, en accéléré, grosse voix petite voix etc.

À la fin de cet exercice, le texte devrait être pratiquement su au moins sa 1re partie.

  • une mise en jeu d’acteurs, préparée en duos. Consignes : respecter les temps de silence ; faire résonner l’écriture en boucle ; travailler sur les regards, portés sur le bras, l’arbre, et le refus de regard.

Le texte sera donné à apprendre, pour libérer le travail de la phase suivante.

… à la manipulation

On ne peut espérer faire des élèves des manipulateurs parfaits, dans les contraintes de temps de la classe. Il s’agit ici de leur faire sentir, l’essentiel : l’expression des sentiments par le mouvement, la nécessité pour le manipulateur d’être le double de la marionnette, derrière elle, mais vivant ce qu’elle vit.
Nous suggérons un travail par groupe de trois, « en petit », pour une présentation réelle ou virtuelle devant un public assis assez près. Les tables de classe sont recouvertes d’un tissu foncé ou canson, pour détacher les marionnettes ; les manipulateurs sont accroupis ou à genoux. On veillera à la proportion de la marionnette par rapport à son espace de jeu et au « public ».
Deux essais, confiés à la classe partagée en deux : 1 les manipulateurs sont les « diseurs », le 3ème élève est spectateur en regard ; 2 les manipulateurs jouent le texte sans le dire, le 3ème est la voix des personnages qu’il différencie nettement ; celui-ci placé d’abord, pendant la phase de recherche, face au manipulateur, comme le chef d’orchestre, puis légèrement derrière les manipulateurs mais faisant corps avec eux, pour la présentation publique.
Restitution à la classe (prendre le temps de bien installer les spectateurs dans la configuration choisie pour le public est indispensable pour juger de l’effet produit) échanges et choix de la classe entre les 2 propositions.
On pourra alors se livrer à un autre essai : travail de la marionnette derrière un carton servant de castelet.
L’amélioration de la manipulation portera sur le travail du regard des deux marionnettes, donné par le mouvement de la tête ; par le rythme ; par un travail de la voix à différencier pour les deux personnages afin de diriger le regard du spectateur, la marionnette n’ayant pas de bouche, pas de mouvements des lèvres.