éditions Théâtrales Jeunesse

L’Entonnoir

de Jean Cagnard

Carnet artistique et pédagogique

La scène 6 essentiellement didascalique, joue, au contraire de la 3, un grand rôle sur le plan dramatique : elle donne à voir les efforts vains de Précair pour retrouver du travail et matérialise son rejet par la rue, symbole de la société (voir analyse complète dans Mise en voix)
D’où le choix différent de mise en jeu justifiée par la dramaturgie (à expliquer ou faire trouver aux élèves qui auront découvert différentes formes de théâtre de marionnettes à travers photos et vidéo).
La manipulation à vue dans un grand espace, mêlant acteur (l’homme à quatre bras), marionnette (Précair), objet animé (la rue), et acteurs-marionnettes (l’échoppe) renforce l’idée de deux camps (la faible créature en papier contre les forts dans leur présence physique) et figure l’idée que c’est la société des hommes (dont nous humains spectateurs ?) qui repousse Précair. L’image renvoie d’elle-même aux responsabilités du corps social. Le manipulateur à vue se livre à une « monstration » qui accentue la distance naturelle de la marionnette. Celui-ci peut, par les regards qu’il portera sur Précair ou sur le spectateur en tant qu’acteur (non plus double de l’objet animé) exprimer cette voix de l’auteur Jean Cagnard, engagé dans son texte. À l’évidence, dans ce choix esthétique, L’homme à quatre bras sera joué par un acteur (l’enseignant ? un élève qui aurait bien perçu l’importance de ce rôle muet et statique ?).

Mise en jeu

Préparation possible par des exercices préalables de marche dans l’espace, avec consignes d’accélération d’arrêts brusques, des mouvements type jeu du chat et de la souris, un contre tous, etc. On amènera les élèves à retrouver physiquement ce qu’ils ont exprimé vocalement précédemment dans la mise en voix.

Puis, la classe est séparée en deux groupes alternativement acteurs et spectateurs. Chaque groupe se répartit la prise en charge de la manipulation de Précair (un seul marionnettiste contre tous), de la rue (longue bande de plastique poubelle), de l’échoppe. L’auteur parle « d’une unique façade d’échoppe au milieu de l’espace » : on pourra la figurer selon la proposition faite dans « construction », manipulée à plusieurs, (exercice difficile pour à la fois créer la vivacité du mouvement et garder la rectitude de la façade) ou transposer l’idée et, pour être fidèle non pas à la lettre mais à l’esprit de l’auteur, représenter l’échoppe par des élèves acteurs vêtus de sacs poubelles bleu ciel portant les inscriptions « boulot » « travail » « turbin » « poste » etc., constitués en chœur (ce jeu d’acteurs faciliterait les mouvements)
Tout ceci évidemment serait plus riche pour les élèves si on procédait par l’essai des deux solutions.

Le personnage de l’homme à quatre bras sera éclairé par un débat interprétatif : si l’on juge difficile d’expliquer à des élèves de cet âge, la loi de l’offre et de la demande dans le marché du travail, on se contentera de l’idée que c’est un puissant, un riche, qui s’amuse de la chute de Précair et que l’auteur le met en accusation devant le spectateur.
On cherchera la transposition des quatre bras (lui à quatre bras ! et sans doute le bras long…) en une figuration de la richesse, l’opulence. Par contraste avec Précair maigre silhouette de papier journal : grosseur, matière du costume et gestus du riche (geste simple : sourire, frottement des mains de celui qui se réjouit de la situation etc.).

Pour renforcer l’impression d’agression, donner davantage de rythme et peut-être créer de l’humour, on pourrait ajouter des bruitages « en live ».