éditions Théâtrales Jeunesse

La Terre qui ne voulait plus tourner / Autrefois, aujourd’hui, demain

de Françoise du Chaxel

Carnet artistique et pédagogique

La pièce n’est pas découpée en scènes qui s’enchaînent logiquement, mais en fragments éclatés en différents espaces.

1. La structure traditionnelle du conte décalée

La pièce garde du conte d’origine un déroulement temporel chronologique qui se situe entre le moment où l’on apprend par le premier chœur que la Terre s’est arrêtée de tourner et le moment où l’on apprend qu’elle va reprendre sa course.

Si l’on se réfère à la structure traditionnelle du conte :

  • La situation initiale est implicite : c’est l’ordre habituel des choses.
  • L’élément déclencheur n’est pas une action qui a lieu en direct sur scène, mais est rapportée par le premier chœur.
  • S’ensuit un certain nombre de péripéties qui impliquent une multitude de personnages dans des lieux très variés.
  • La résolution a lieu au moment où la terre décide de se remettre en mouvement. Cette décision est elle aussi rapportée par le chœur final.
  • La situation finale est implicite : c’est le retour à la normale.

2. Le découpage

Les scènes ne sont ni numérotées ni titrées.
Demandez aux élèves de relever les indications en début de chaque scène.

Inventaire :

  • Chœur
  • Un village coupé en deux, d’un côté le jour, de l’autre la nuit
  • Côté jour, une maison, la chambre des filles, la chambre des garçons
  • Côté nuit, une voix… dehors, on entend des voix
  • Quelques jours plus tard, du côté ombre
  • Du côté soleil
  • La Lune / le Soleil
  • La Terre/la planète Mars
  • À la radio
  • Un champ dont la moitié est à l’ombre, l’autre au soleil
  • Petit chœur de l’ombre, petit chœur du soleil
  • Allocution du Président de la République à la télévision
  • Des cosmonautes dans l’espace
  • À la radio
  • On s’agite côté ombre
  • Les savants et le journaliste
  • Des enfants
  • Arrive un sorcier ; un homme important l’interroge
  • Le champ dont la moitié est à l’ombre, l’autre au soleil : le paysan et l’homme d’affaires
  • Deux enfants, un garçon, une fille
  • Jean et la Lune
  • Allocution du président qui s’occupe de tout (est-ce à la TV ou en direct ?)
  • Grincement de quelque chose qui se remet en route : chœur

Comment peut-on classer ces indications. Quelles conclusions en tire-t-on ?

Nous constatons une grande liberté de l’auteur, caractéristique de l’écriture contemporaine. L’absence de régularité, de principe fondateur récurrent nous éloigne de la pièce machine traditionnelle et nous rapproche de la notion de découpage ou montage scénaristique.

Qu’est-ce qu’un « scénario » ? : description détaillée des scènes qui composent un film. Les synonymes sont « canevas » ou « synopsis ».
Pour être concret, envisager le scénario d’une BD déjà existant.

Exploitation de l’inventaire :

Par des questions posées à l’écrit ou à l’oral, amener les élèves à faire des remarques sur :

  • les indications de lieu
  • les indications de temps
  • les personnages singuliers ou collectifs, anonymes ou définis par leur profession, leur sexe, leur âge

La juxtaposition de personnages, de lieux, de temporalités suggère une idée de pagaille ou de perturbation où tout le monde est concerné par le refus de la terre de tourner et où chacun est touché, troublé ou dérangé à sa façon.

À l’intérieur de cette poétique de l’hétérogène liée à un télescopage des perspectives, les élèves pourront néanmoins relever des phénomènes d’écho, de double, de symétrie, de répétitions :

  • Nuit / Jour
  • Ombre / Lumière
  • Garçon / Fille
  • Lune / Soleil
  • Enfant / Adulte
  • Seul / Plusieurs
  • Radio / Télévision
  • Maison / Extérieur
  • Terre / Ailleurs
  • Chœur d’ouverture / Chœur de fin

La découverte de la structure de cette pièce très éclatée est intéressante, non pas pour une étude formelle en elle-même, mais si on relie la forme au sens.

Cet éclatement de la structure renvoie au chaos provoqué par la Terre qui s’est arrêtée de tourner. L’auteur adopte un point de vue surplombant qui prend en compte toutes les réactions et les points de vue possibles, dans une sorte de kaléidoscope d’actions et réactions.

3. Écrire pour mieux lire :

Prenez une catastrophe naturelle récente : le tsunami au large des îles Andaman, l’éruption du volcan Eyjafjöll en Islande ou la fuite de pétrole dans le golfe de Floride.
Établissez la liste des personnes ou des lieux touchés par cette catastrophe. Écrivez un court texte montrant ou traduisant leurs actions ou leurs réactions.

Partons pour cela à la découverte des formes des différents fragments :

  • Dialogue
  • Chœur de voix
  • Annonce / communiqué / allocution

Le repérage de ces différentes formes dramatiques peut se faire par une première oralisation du texte, mais sera repris de façon plus approfondie dans le chapitre concernant la mise en voix.

Cette consigne permet d’entrer plus avant dans le texte : nous constatons que chaque fragment a une forme différente et que nous avons une grande variété de formes à notre disposition pour nous exprimer ou pour écrire.