éditions Théâtrales Jeunesse

Miche et Drate, paroles blanches

de Gérald Chevrolet

Carnet artistique et pédagogique

Dans notre édition, des illustrations apparaissent, une aubaine pour entrer dans l’œuvre d’une manière originale, une manière différente pour aller à la découverte de ce texte.
On propose aux élèves de partir de la description de l’image (pages 8 et 9). Chacun décrit de manière individuelle cette illustration ; suit une phase de vérification collective et d’élaboration des interprétations possibles. Les élèves complètent le tableau au fur et à mesure.

Ce que je vois
Je dénote
Ce que je ressens, ce à quoi cela me fait penser
Je connote
Personnage 1
Personnage 2
Personnage 3
Bilan

Ce que l’on peut relever ; ce que l’on voit : cette image en noir et blanc présente trois éléments : deux individus, deux hommes, deux silhouettes et une image dessinée sur le mur, celle d’un chien.
Ce qui est semblable : Tout en rondeur, les deux individus sont imberbes ; ils n’ont pas de cheveux, tous deux ne portent pas de vêtements caractéristiques ou alors il peut s’agir d’une combinaison de travail. Ils ne portent pas de chaussures.
Ce qui est différent : L’un (n°1) est en train de réaliser une ombre chinoise sur le mur. Son visage est éclairé d’un sourire. L’autre (n°2) qui porte un bandeau noir sur les yeux, regarde son camarade : il adopte une expression de surprise, sa bouche est ouverte en rond.
Leurs nez sont dissemblables : l’un (n°1) porte le nez court et en trompette et l’autre possède un nez en forme allongée comme une carotte. L’un (n°2) apparaît plus grand et plus costaud que l’autre (n°1).
Le chien est grand, voire imposant ; il est noir et bien portant.
Ce que l’on peut en déduire : peu de signes distinctifs séparent donc nos deux acolytes : ils sont très proches physiquement mais cependant des différences sont perceptibles. Le personnage n°1 est actif tandis que son compagnon est spectateur : incrédule, il regarde son ami s’amuser à réaliser une ombre chinoise. Ce dernier crée une figure animale à l’aide de ses mains, un chien tout droit sorti d’un dessin animé ou d’une BD. Très rondouillard, ce chien apparaît immense et inquiétant. Il est personnifié dans une attitude humaine, c’est un bipède. Le personnage n°1 apparaît content de ce qu’il réalise ; il s’amuse et prend du plaisir à la création. L’autre réagit à ce qu’il voit, il est ébahi face à cette apparition, à la magie de l’instant, surpris de la dextérité de son camarade, créateur d’un monstre.

Les élèves évoqueront très rapidement ce jeu de leur enfance, les peurs vécues quand surgissait l’ombre mystérieuse. Ce moment éphémère renvoie également le lecteur à la magie du cinéma (première séance de cinéma et la réaction du public), à l’éphémère de la représentation théâtrale, à l’illusion, au mythe de la caverne. Les élèves peuvent commencer à élaborer la définition du théâtre.

Une série de questions peut émerger après cette analyse chez les élèves à propos des personnages :

  • Pourquoi s’amusent-ils ainsi ?
  • Quel âge ont-ils ? Ont-ils encore l’âge de jouer ainsi ?
  • Que font-ils dans la vie ?
  • Où se trouvent-ils ?
  • Quelle est l’identité de chacun ?
  • Ont–ils une famille ?
  • Pourquoi l’un se cache-t-il le visage ?
  • Quelles sont leurs intentions ?
  • Sont-ils des héros ? des antihéros ? Sont-ils malhonnêtes ?
  • Que font-ils ensemble ? Quelles relations existent entre les deux personnages ?

Écriture narrative : on pourrait demander aux élèves d’inventer la vie et le passé de ces deux personnages. Après avoir tracé les grandes lignes de leur histoire individuelle, les élèves inventeront leur rencontre.

Élaboration d’hypothèses : on pourrait également demander aux élèves de réfléchir à un élément perturbateur qui viendrait interrompre ce moment magique et lancerait ces deux personnages (et le chien ?) dans une aventure.

Ce premier travail sur l’image conduit naturellement à une élaboration d’hypothèses sur le contenu du texte. Hypothèses qui devront être confirmées par la lecture de saynètes. Une autre réflexion importante est à mener avec les élèves : quelle(s) est / sont la / les fonction(s) de l’illustration dans un texte de théâtre ?
Il est rare de rencontrer des images dans un texte dramatique ; en général, les illustrations qui figurent dans les ouvrages sont des photographies prises lors de la représentation. Ici, le choix de l’éditeur est différent : un illustrateur est retenu pour créer des illustrations qui accompagnent le texte de la pièce.
Fonction informative ? Descriptive ? Illustrative ? Symbolique ? Divertissante ?...
Deux autres illustrations figurent dans ce texte : on pourrait envisager un travail plus approfondi sur ce lien entre texte et images au fur et à mesure de la découverte des saynètes.