éditions Théâtrales Jeunesse

Mon grand-père, ce robot

de Sabine Revillet

Carnet artistique et pédagogique

Cette opposition entre vrai et faux se joue aussi dans le texte, dans les paroles-mêmes des personnages. Il y a les paroles réelles, celles que les personnages échangent véritablement entre eux, et les paroles virtuelles, celles qui viennent des réseaux sociaux. On peut en voir un exemple assez flagrant dans la scène 7 (pp. 17-19) qui commence par une longue réplique de la mère durant laquelle elle cite (entre guillemets) ce qu’elle a écrit sur les réseaux sociaux et les commentaires qu’elle a reçus ; avant d’engager une discussion avec son fils, Jérémy, qui refuse sa « demande d’amis » (p. 17) ; puis de lire en fin de scène différentes publicités sur Internet.

Ces paroles ne sont pas de la même nature. D’un point de vue de l’adresse, tout d’abord. Celle des échanges entre Garance et Jérémy est claire : les deux personnages sont l’un en face de l’autre. Sur Facebook, l’adresse est moins évidente : Garance s’adresse à la communauté. Ses destinataires sont plus flou·es. En lisant les publicités, enfin, elle cite la parole d’autrui. Or, dans une pièce de théâtre, ce qui fait qu’un personnage existe, c’est qu’il parle en son nom : si un personnage ne parle pas, la manière dont ses répliques sont écrites est également intéressante. Là où dans le dialogue, le texte est purement dramatique, dans l’action (lorsque les personnages se répondent, réagissent), il est plus narratif et descriptif sur Internet. Garance quitte petit à petit le présent de la situation pour entrer dans une forme de parole virtuelle qui la coupe des autres personnages.