éditions Théâtrales Jeunesse

Petit Pierre

de Suzanne Lebeau

Carnet artistique et pédagogique

Comment être vraiment méchant pour de vrai. Fragment à travailler les phrases p 23 : « celui qui porte des lunettes épaisses… trop grand ».

Espace de la classe

On reprend l’installation précédente : tous les élèves se trouvent dans la classe, chacun à sa place, immobile. Petit Pierre s’est installé sous les regards observateurs ; les participants se déplacent un à un afin de constituer un chœur. Un premier élève vient s’installer sur le plateau, il fait un geste et émet un son. Il les reprend en conservant le même rythme. Une autre personne vient s’installer près de lui, effectue un autre geste et émet un autre son. Il doit caler son mouvement et son bruit par rapport au premier de manière à former un ensemble choral. Ce chœur forme comme une machine, il donne l’impression d’un corps homogène puisque tous les élèves s’imbriquent dans ce système. Trouver dans l’installation de la machine, la manière d’occuper l’espace. Les gestes choisis peuvent être ceux d’un élève en classe.

Puis ajoutez un accessoire, un crayon. Cela peut aussi être une phrase chuchotée, ne pas hésiter à travailler la phrase (« madame, madame… ») imaginez ce que vous pouvez dire de celui qui est différent de vous, des autres, quand le maître n’est pas encore là et que la classe se dissipe. Ensuite, on se déplacer, avec le bruit, on laisse tomber la cadence, on trouve une autre place, puis on ne bouge plus, on forme un chœur, on abandonne l’idée de la machine. Rechercher la cruauté ; éviter l’image d’Épinal d’élèves qui se moquent gentiment. Ne pas hésiter à être plus dans la provocation en rappelant que sur l’aire de jeu, sur le plateau, au théâtre tout est possible et tout est illusion, ce n’est qu’un jeu qui permet d’oublier que je suis X et que je deviens, sur le plateau un criminel, un amoureux transi… Être cruel, pour être proche de la réalité. Éviter de tomber dans le stéréotype, ne pas aller dans le signe mais trouver la position singulière qui porte cette intention. On pourra aussi attirer l’attention des élèves sur la responsabilité que prennent les acteurs vis-à-vis de spectateurs surtout s’ils jouent devant des camarades : comment faire pour que les spectateurs ne s’en amusent pas ?

Tandis que les élèves sont ainsi occupés à se moquer de Petit Pierre, introduire le professeur dans l’espace classe : ce sera une présence immobile qui démarre du fond de la salle pour gagner le devant de la scène en silence pour se placer devant les élèves. Il se déplace dans un rythme continu comme habité d’une pensée. C’est une présence très importante, une présence statique, qui écoute les autres faire quelque chose, elle existe même si elle ne dit rien. C’est la création d’un contrepoint nécessaire. Pas d’enjeu précis en terme d’action et en même temps c’est être là. Une présence qui cristallise l’énergie de tous. Il entre et ne provoque pas de silence, il faut la prise de conscience de cette présence : faire résonner le silence.

C’est la différence entre les tensions qui crée le focus. L’enseignant existe par les silences, il faut créer du poids dramatique. Trouver un registre pour cette entrée : entrée tonitruante, entrée silencieuse, avec une autorité naturelle…

Puis les conteuses peuvent donner à entendre le texte page 23. Le professeur, le maître ne dit rien mais le relais de la parole des conteuses suffit. Dès l’entrée du professeur, les élèves arrêtent : théâtre image.

Travail choral

Dès l’entrée de Petit Pierre dans la cour de récré, immobilité de tous et regards fixés sur tous. Puis chacun participant rejoint un groupe pour former un chœur. Dans chaque chœur, se crée un murmure (une insulte choisie à partir des phrases) autour d’un regard lancé à Petit Pierre : le murmure peut enfler devenir menaçant et l’espace peut se restreindre autour de petit Pierre.