éditions Théâtrales Jeunesse

Souliers de sable

de Suzanne Lebeau

Carnet artistique et pédagogique

Pour une entrée corporelle et scénique progressive dans le texte de théâtre, je propose de s’inspirer de la démarche de Nicole Wells qui est très efficace avec de jeunes enfants.
Avant d’envisager une mémorisation du texte il s’agit de le faire vivre avec le corps. Pour cela l’enseignant sélectionne les mots forts ou expressifs d’une scène et les fait vivre à ses élèves lors d’une ou plusieurs séances d’expression corporelle.

Par exemple, pour le quatrième sablier, on pourra sélectionner :

  • les verbes de déplacement : arriver quelque part, marcher sur la pointe des pieds, être attentif à chacun de ses pas, à chacun de ses mouvements, s’arrêter, faire des pas mal assurés, marcher prudemment, marcher sans poser un pied blessé.
  • les verbes d’action : faire un nœud dans ses cheveux, humer les fleurs, écouter le silence, se protéger du soleil, surveiller les nuages, se cacher, s’asseoir, faire de la gymnastique, tomber, se relever, s’étirer en se relevant, perdre un soulier.
  • les verbes d’expression et de sentiments : regarder avec crainte, être charmée, se troubler, se réjouir, regarder autour de soi avec angoisse, être terrifié.
  • les groupes nominaux : des arbres très grands, le ciel immense, des petits nuages blancs, de gros nuages noirs, la tempête, la route dangereuse, le parfum exquis des fleurs.

En demandant aux élèves d’exprimer avec leur corps les mots sélectionnés et énoncés, on leur permet à la fois de travailler subtilement les déplacements, l’expression des sentiments et de réaliser en situation l’importance de la précision du vocabulaire utilisé pour décrire une action, un sentiment, une action (marcher sur la pointe des pieds est différent de faire des pas mal assurés).
On leur permet également de s’approprier et donc de mémoriser plus facilement un vocabulaire parfois élaboré, subtil ou éloigné du vocabulaire qu’ils utilisent habituellement (humer les fleurs).

Chaque sablier peut ainsi être travaillé collectivement en expression corporelle.
Durant cette phase d’expression corporelle, on pourra également utiliser un bâton de pluie pour rythmer la séance : demander aux élèves de se déplacer d’une certaine façon quand le sable coule, s’arrêter quand le sable ne coule plus et reprendre un autre déplacement quand l’écoulement reprend.

L’étape suivante pourrait être de distribuer le texte d’un sablier par groupe de 3 élèves (10 groupes), les rôles seront attribués en découpant avec chaque groupe le texte : un élève est un personnage, un autre est le narrateur et lit les didascalies qui ne seront pas jouées et le dernier gère les objets : souliers, Grand Livre…

Suggestions de répartition pour une mise en scène en classe entière de tout le texte :

Prendre soin de bien déterminer les didascalies lues de celles jouées. Le titre de chaque scène peut être annoncé par un élève qui dépose à chaque fois un nouveau sablier (1 ou 2 élèves). Les souliers pourront être soit seulement un acteur avec des chaussures très caractéristiques reprises par chaque élève les incarnant, soit un manipulateur de chaussures au bout d’une ficelle et d’un bâton (marionnettes à fils). Le Grand Livre du dehors est un personnage à part entière qui déclame les définitions. Les accessoires seront réduits et peuvent même être remplacés par la lecture des didascalies. Si il y a plus de 28 élèves dans la classe, on peut découper certaines scènes un peu longues en plusieurs Léo ou Élise (1er sablier, 6/7 sabliers).

La mémorisation peut alors commencer, la plupart des élèves sont capables de conserver en mémoire l’essentiel des répliques au bout d’une dizaine de lectures, on encouragera donc les groupes à se réunir régulièrement pour lire, ensemble, le texte qui leur a été attribué (en classe, en récréation, à la maison, en CDI, en permanence…). L’objectif étant de se passer du texte rapidement pour se focaliser sur la mise en jeu.

En élémentaire, la mise en jeu sera travaillée, dans un premier temps, régulièrement en grand groupe, comme précédemment suggéré (1 fois par semaine est idéal) :
De chaque scène, l’enseignant extrait les mots clés et les fait exprimer corporellement par tout le groupe.
Les propositions individuelles intéressantes (postures, déplacements, gestuelles) sont mises en valeur, observées et éventuellement reproduites (enrichissement mutuel) par tous (une dizaine de séances).

Chaque scène est ensuite travaillée par groupe et présentée en fin de séance systématiquement aux autres qui prennent alors le rôle de spectateurs actifs, capables de suggérer des améliorations. Les améliorations suggérées et validées sont notées (carnet d’acteur) en fin de séance par le groupe concerné et reformulées en début de séance suivante (4 séances).

Dans les dernières séances, on veillera à mettre au point les enchaînements de scènes en répétant la pièce dans son intégralité (2 séances).

On peut ainsi envisager de travailler une pièce sur un trimestre.

Au collège, par manque de temps, on demandera aux élèves d’effectuer le travail de groupe en autonomie ou quand cela est possible avec certains autres collègues du collège : responsables du CDI, professeurs d’EPS par exemple.

Les décors, accessoires et costumes gagnent à être sobres.
Unité de tenue étriquée pour Élise et Léo (même couleur de tee-shirt et de pantalon pour tous les acteurs tenant le même rôle).
Les éléments du décor peuvent être l’occasion de créations plastiques : porte, 3 décors symbolisant l’extérieur vu par Léo (joyeux et lumineux) et celui vu par Élise (menaçant et sombre) et l’intérieur (neutre et rassurant).
Les accessoires seront réduits (au maximum ceux suggérés dans le tableau).