éditions Théâtrales Jeunesse

Trois petites sœurs

de Suzanne Lebeau

Carnet artistique et pédagogique

L’intrusion du dialogue

La scène 5 est l’une des scènes laissant le plus de place au jeu à proprement parler : les personnages revivent à plusieurs moments l’histoire racontée, ressentent de nouveau les émotions passées, dialoguent entre eux comme pour la première fois.

« Le père : Le dire à qui ?
La mère : Aux filles. Il faut d’abord le dire aux filles.
Le père : La petite a juste trois ans. Elle ne peut pas comprendre.
Alice souffre déjà assez, pas question de l’inquiéter davantage.
Et la grande…
La grande se réveille en sueur toutes les nuits depuis la rentrée.
[…]
La petite : On sait.
La grande : Tout.
La petite : La tumeur…
La grande : …est maligne. »

Comme évoqué en seconde partie, cette scène sera l’occasion pour les élèves de s’essayer à la rupture de ton, du passage de la narration au dialogue. Les élèves pourront ainsi se répartir les répliques selon l’adresse : un élève incarnera ainsi la Mère narratrice tandis que l’autre incarnera la Mère actrice, deux facettes d’un même personnage déchiré.

Créer la foule

Comment représenter la constellation de personnages en orbite de nos cinq héros ? Dans la scène 5, encore une fois, les protagonistes révèlent la présence d’une foule autour d’eux, cette fois adjuvante, et non opposante comme dans le prologue :

« La grande : Lui qui ne voulait rien dire
a pris le téléphone et raconté l’histoire d’Alice
à toute la famille…
Même aux cousins et aux cousines
Qu’on ne voyait jamais.
Il l’a racontée aux amis de la maternelle, de l’école, de la rue.
Il a mis tout le monde sur un pied de guerre
pour gagner le combat.
La mère : Nous sommes devenus des milliers et des milliers
à nous battre. »

Les « cousins », « cousines », « amis », ces « milliers » de nouveaux personnages pourront être représentés, si représentation la classe estime nécessaire, par l’ensemble des élèves. L’anonymat de cette foule, unie pour une même cause, pourra être marqué par des accessoires guerriers, par exemple des casques/heaumes masquant les visages et insistant donc sur cette idée d’union dans le combat, ou d’autres accessoires selon la volonté ou non de l’enseignant et des élèves de clairement incarner la guerre.

L’utilisation de la marionnette également pourrait être intéressante, pour signifier la présence d’un appui venu de l’extérieur, mais que la classe choisit de ne pas représenter corporellement sur scène.