éditions Théâtrales Jeunesse

Une chenille dans le cœur

de Stéphane Jaubertie

Carnet artistique et pédagogique

Premier exercice : prendre conscience de la notion d’espace. Travailler la voix et la diction.

1. Se placer en cercle, pieds ancrés dans le sol et répartir le poids du corps sur ces deux appuis, tête bien droite et le regard placé sur l’horizon, les bras sont relâchés près du corps ; délier l’ensemble des articulations : tourner la tête de gauche à droite sans forcer le geste, rouler les épaules vers l’arrière, dessiner un huit avec le bassin, plier les genoux et effectuer des petits cercles et dessiner des cercles avec les chevilles.
Fermer les yeux quelques instants et placer l’attention sur la respiration. Prendre une inspire lentement, bloquer la respiration quelques secondes puis souffler par la bouche très doucement jusqu’au bout du souffle et bloquer quelques secondes avant de reprendre une inspire. Faire trois fois l’exercice.
Dire les voyelles A-E-I-O-U en exagérant l’ouverture et la fermeture de la bouche ; puis sur un seul souffle, égrener ces voyelles en effaçant les séparations entre chaque lettre.

2/ Distribuer le premier extrait aux élèves toujours placés en cercle dans la même posture : leur demander d’en prendre connaissance par une lecture individuelle et silencieuse.
Se répartir en deux groupes et se placer en cercle : lire ensemble à voix haute cette première réplique : l’oraliser sans aucune intention préalable en se la partageant d’une manière aléatoire. Lire chaque phrase en respectant la ponctuation, changer de lecteur à chaque signe de ponctuation ; puis lire en séparant les groupes de sens. Cette première lecture se réalise juste pour entendre le texte, le comprendre dans sa globalité et en dégager l’enjeu. (On peut questionner les élèves sur la césure des groupes de mots : la ponctuation sert d’indice pour la séparation ou encore les groupes de sens, liés à la syntaxe.) Trouver à quel moment on respire quand on dit un texte, établir la respiration du texte. Ne pas se forcer, laisser venir ce qui vient.
On reprend la lecture de cette réplique en repérant des fragments intéressants ; puis on varie le rythme et l’intensité de la voix. Lire en murmurant, en riant, en criant ; donner son fragment d’abord à son voisin puis à une personne en face de soi, en accélérant, de toute urgence, puis lentement comme si on l’adressait à un sourd, en avançant d’un pas, en haussant la voix, d’une manière péremptoire, ou au contraire doucement, en suppliant, en menaçant, ou sous la forme d’un conseil, en exagérant l’articulation ; varier les propositions aussi bien dans l’intention que dans l’intensité et l’intonation.

Bilan

Cet exercice permet de prendre connaissance de ce premier personnage, de sa parole et de saisir l’importance / de dégager l’enjeu de cette première prise de parole et de saisir le premier rôle de la présence.

Deuxième exercice
Travailler les notions d’adresse et d’espace.

Les élèves maîtrisent cette première réplique de la Présence et peuvent aller au plateau avec en mémoire cet extrait. Se répartir sur l’aire de jeu de manière équitable, les yeux fermés, chacun prend une inspiration par le nez, lentement et expire par la bouche aussi lentement que possible. Faire le vide en soi, ne fixer son attention sur aucune pensée mais sur la respiration ventrale. Respirer de la sorte deux ou trois fois. Puis ouvrir les yeux, regarder les autres, poser son regard sur les autres participants sans autre intention que de poser son regard sur autrui, sans pensée, sans jugement. Accepter de regarder l’autre et accepter de recevoir le regard de l’autre sans aucune intention singulière.

Puis se déplacer au plateau, en adoptant une marche normale tout en respectant l’équilibre du plateau. Puis dès qu’une personne s’arrête, chacun s’arrête, et cette personne qui a arrêté le mouvement du groupe s’adresse alors à quelqu’un qu’elle choisit : elle se tourne vers lui, le fixe du regard et quand elle est sûre que le lien est établi, elle lui donne son fragment de réplique, elle choisit le rythme, l’intensité, l’intention de sa proposition. La personne qui a reçu ce fragment s’adresse alors à une autre personne pour lui donner la réplique en conservant la même intention et la même intensité. Et ainsi de suite pour former une conversation / un échange.

Puis tous se regroupent afin de former un chœur au centre du plateau : le regard est fixé sur l’horizon vers un même point. Dès que la concentration est installée, une personne propose un geste, un son et un mouvement qui seront repris par l’ensemble du groupe ; tout se déroule à l’écoute. Dès qu’il y a la moindre variation, elle doit être perçue par le groupe et prise en compte immédiatement. Faire l’exercice jusqu’à ce que l’écoute soit bien installée et que le chœur soit formé. Les participants s’avancent alors vers le devant de l’aire de jeu, lentement, et adressent la réplique dans sa totalité aux spectateurs en respectant l’ordre du texte. Le ton adopté peut être celui de Monsieur Loyal, celui de la confidence ou une toute autre intention. Si un mouvement, un geste est proposé, il doit être pris en compte.

Bilan

On comprend que la Présence est un personnage qui peut être pris en charge par un groupe, un chœur. On saisit que la parole est adressée à la fois aux comédiens présents sur scène comme au spectateur, que ce personnage peut franchir le 4ème mur, ce qui pourra être le cas quand le relais de parole aura lieu : la Présence pourrait s’installer dans le public. Le statut et le rôle de la présence se dessinent ainsi lentement.