éditions Théâtrales Jeunesse

Une chenille dans le cœur

de Stéphane Jaubertie

Carnet artistique et pédagogique

Troisième exercice  : travail sur le corps, la présence et l’énergie.

Déclenchée par la Présence, cette scène de première rencontre prend naissance près de la cabane du bûcheron : cette arrivée de l’enfant dans cet endroit constitue une véritable intrusion et provoque une sacrée perturbation dans la vie de cet homme frustre et solitaire. C’est une petite fille déterminée qui part à la rencontre du bûcheron pour accomplir une mission dont l’enjeu est vital.
Dès le premier regard s’installe immédiatement un rapport de force et de dépendance ; il se crée instantanément une opposition et une dualité entre la force physique et la fragilité psychologique du bûcheron et la fragilité physique et la force de caractère de l’enfant.

Répartir les élèves en deux groupes, un groupe de bûcherons, un groupe d’enfants. Le groupe d’enfants se répartit autour du plateau, hors de l’espace de jeu ; un seul bûcheron demeure au plateau qui représente le désert qu’il a créé ; il est chez lui. Dès qu’un enfant entre au plateau, il pénètre dans l’univers du bûcheron qu’il traverse sous ses yeux.
Dès que quelqu’un pénètre dans son univers, le bûcheron réagit par le regard et par le corps. Sentir, ressentir et jouer tout ce qui naît de cette rencontre muette : s’observer, se regarder, se jauger, se questionner, s’impressionner, être sur la défensive, avoir de l’inquiétude, de la peur, rejeter l’autre ou au contraire, être sûr de soi, éprouver de la sympathie, de la détermination, vouloir construire un échange… Ces intentions de jeu peuvent être données par l’enseignant. Faire passer plusieurs bûcherons puis échanger les rôles.

Reprendre ensuite la marche en respectant l’équilibre du plateau, tous sont des enfants. Se déplacer lentement dans ce désert de souches ; savoir où l’on se dirige, en pensant à la première réplique de la Présence. Saisir l’instant pour désigner un des participants qui deviendra le bûcheron responsable de la déforestation ; dès qu’une personne est nommée du regard, les déplacements s’arrêtent en douceur, chacun s’observant et s’appuyant sur la direction des regards pour exclure la personne désignée. Sans aucune parole, en utilisant le jeu des regards, désigner un des participants, l’exclure en se regroupant. Sentir, ressentir ce que cela fait d’être désigné / exclu et de désigner / d’exclure quelqu’un.

Puis séparer la classe en deux groupes : dans le groupe 1, désigner un enfant pour tous les bûcherons ; dans le second groupe, désigner un bûcheron pour tous les enfants. (Se baser sur l’exercice précédent pour choisir l’enfant et le bûcheron).
Dans le groupe 1, se répartir les répliques du bûcheron et s’installer au fond de scène, sur une ligne. Le premier bûcheron fera un pas en avant et donnera sa réplique, le suivant fera de même en augmentant légèrement l’intensité de la réplique et ainsi de suite en crescendo, chacun avec sa réplique. L’ensemble des bûcherons avancera de la sorte en effectuant trois pas en avant ; sur la dernière ligne ainsi constituée, l’intensité sera à son maximum.
Les bûcherons retournent au fond de scène et l’enfant se place face à eux : à chaque réplique de l’enfant, les bûcherons avancent d’un pas et répondent tous ensemble, refusant d’accéder à la demande de l’enfant, et ainsi de suite, crescendo jusqu’à acculer l’enfant au bord du plateau, pour la faire sortir de son espace, de sa vie. Se saisir des intentions qui surgissent au cours de l’exercice pour les développer avec le crescendo (irritation, colère, force, humour, séduction…)
Dans le groupe 2 : les enfants se placent dans un large cercle au centre duquel se trouve le bûcheron. Procéder de manière identique : les enfants avancent d’un pas en donnant la réplique, l’intensité ira crescendo. Face aux demandes expresses de l’enfant, le bûcheron réagit en répliquant : travailler les réactions du corps : il est cerné, il ne peut fuir, il se fige, s’ancre dans le sol malgré la menace, il défend son espace. Il peut céder du terrain mais domine la situation grâce à son physique et à sa force. Sa parole perd de sa puissance au fur et à mesure de l’avancée des enfants.

Quatrième exercice : travailler le conflit, la dualité.

L’enfant jubile, se sait inattaquable et espère que sa stratégie fonctionnera. Elle sait que le bûcheron se laisse envahir par ses émotions et qu’il est capable de tout abattre sur son passage - l’arbre qu’elle espère. Elle domine.
La colère du bûcheron éclate quand il aperçoit l’enfant grimpée dans son arbre, elle se transforme en fureur quand il se rend compte qu’il est impuissant à la faire obéir et qu’il ne peut que subir la situation.

Faire deux colonnes d’élèves, se placer face à face et se dire des noms de fruits et légumes avec des émotions différentes : deux élèves avancent au plateau et jouent l’émotion donnée : la colère, la joie, la timidité…

5 élèves se placent sur une ligne, le dos au public : chaque élève reçoit une émotion et spontanément, se retourne et joue la proposition en prononçant la phrase « Qu’est-ce que cela peut vous faire ? » ; « C’est lui. Il m’a prise. » ; « jamais ». = surprise, joie, peur, impatience, colère, admiration, tristesse, ennui, dégoût…

Placer un bûcheron au cœur de son désert de souches, il ne peut sortir de son espace bien délimité. Disposer trois groupes d’élèves qui se répartissent sur trois côtes de l’espace de jeu. Se répartir les répliques des pages 14 et 15. Entrée au plateau de 3 élèves issus de chaque groupe en courant et dire ensemble une première réplique et se sauver laissant le bûcheron seul en proie à la colère qui monte, impuissant qu’il est de ne pouvoir réagir, bouger physiquement, juste dire sa réplique en vain. le plaisir de l’enfant doit être proportionnel à la colère du bûcheron.