éditions Théâtrales Jeunesse

Anatole et Alma suivi de L’Histoire d’Anna

de Sabine Tamisier

Carnet artistique et pédagogique

Maintenant que nous sommes familiers avec le livre, passons au texte de théâtre ! En préambule, il est important de faire remarquer aux élèves qu’un livre de théâtre est un texte — a priori — à cheval entre deux disciplines artistiques : la littérature et le théâtre. Cela signifie qu’il peut être joué sur scène par des comédiens, et/ou être lu.

Mais ce préambule n’est pas tout à fait exact : un texte de théâtre peut mener sa petite vie sans jamais monter sur scène ! Inversement, des textes qui n’étaient pas prévus pour être joués sur scène peuvent l’être.

Abordons quelques notions particulières : les personnages, les didascalies, les actes et les scènes…

Si vos élèves ont déjà lu ou étudié des textes de théâtre plus classiques, ils seront peut-être surpris de ne pas retrouver dans Anatole et Alma et L’Histoire d’Anna les fameux actes et les célèbres scènes. On apprend souvent à l’école que les textes de théâtre sont structurés en actes (« grande division d’une pièce, correspondant à un tournant important (nœud, péripétie, dénouement) de l’action. ») et en scènes (« chacune des subdivisions d’un acte, définie conventionnellement et correspondant généralement à l’arrivée ou au départ de personnages. »). Cependant, aujourd’hui, la structure des pièces est plus libre.

Dans notre recueil, les parties dans les deux pièces sont structurées de la même façon : un numéro suivi d’un titre sur une ou plusieurs lignes. Qu’est-ce que cela fait à la lecture, cette division par numéros ? Quelle est la différence sur les lecteur·rices, qu’une scène soit intitulée « 1. Anatole, dans la nuit, dans une chambre » plutôt que « Acte I, scène 1 » ? Pourquoi ces éléments sont-ils en gras ? Quant aux titres eux-mêmes : quelle est l’importance de ce qui est dit ?

Ensuite, il y a des didascalies :

« La distinction entre le dialogue (paroles des personnages adressées aux autres personnages et entendues des spectateurs), et les didascalies (texte de l’auteur adressé aux metteurs en scène, acteur, scénographe, non entendu des spectateurs) est essentielle pour les élèves. Mais les didascalies ne peuvent pas être réduites à des indications scéniques de lieu ou de jeu qui autoriseraient le lecteur à les sauter. Dans le texte théâtral contemporain, elles tendent à se raréfier dans le corps du dialogue et à perdre leur rôle fonctionnel par rapport à la scène, mais elles prennent parfois un rôle important dans la fiction, alors destinées d’abord au lecteur.
[…] Elles peuvent alors poursuivre le récit, créer une atmosphère, voire commenter les personnages, établir une communication complice avec le lecteur. Leur forme peut alors varier beaucoup de la règle d’écriture au présent ou participe présent, en phrases simples ; elles épousent l’écriture du dialogue, se font poétiques etc. C’est pourquoi il arrive qu’elles s’invitent sur la scène, en voix off ou dites par l’acteur. »

Effectivement, dans Anatole et Alma et L’Histoire d’Anna, les didascalies sont très peu présentes. Sabine Tamisier a ainsi pris le parti de laisser une grande liberté de mise en scène et de jeu. Celles qui sont présentes sont donc de réels marqueurs ! C’est le moment d’observer ces didascalies et de questionner vos élèves sur leur rôle par rapport à la scène qui se joue ou dans la compréhension de chaque personnage.

Proposition d’exercice : dans Anatole et Alma, les élèves lisent toutes (ou presque) les didascalies qui se rapportent à Alma pour ensuite dresser un portrait d’elle, avant même de lire la pièce. Si vous étudiez L’Histoire d’Anna, alors vous pouvez proposer à vos élèves de lire ou de jouer une scène en changeant les émotions traduites par les didascalies : qu’est-ce que cela révèle du personnage ? du rôle des didascalies ?

Pour les classes plus avancées, on peut faire remarquer qu’une pièce de théâtre est bien plus qu’un enchaînement de dialogues. L’adresse dans Anatole et Alma et L’Histoire d’Anna change, au-delà du dialogue et du monologue. Par exemple, dans Anatole et Alma : est-ce que les personnages se parlent toujours l’un à l’autre ? À qui, par exemple, parle Alma dans sa première scène (2) ? l’avant-dernière (6) ? De même dans L’Histoire d’Anna, que peut-on dire de la scène 2 « Chambre d’hôtel » ?

Analyse d’une scène dans Anatole et Alma : « 4. Anatole et Alma, la rencontre », p. 14-22 :

La rencontre entre Anatole et Alma est un élément-clé de la pièce. Observons la scène : où se déroule-t-elle ? Qui parle ? Est-ce que vos élèves peuvent repérer les didascalies dont nous avons parlé ? D’autres éléments leur sautent-ils sautent aux yeux ? Par exemple, certains mots sont écrits en majuscules…

L’oralité est importante : les élèves doivent réfléchir à comment lire à voix haute les dialogues, les mots en majuscules, les didascalies.

Si les élèves veulent bien fermer les yeux pendant que vous lisez la première didascalie, demandez-leur à la suite de votre lecture ce qu’ils en pensent. Est-ce qu’ils ont remarqué quelque chose de particulier ? Par exemple, est-ce qu’ils sont étonnés que cette didascalie soit aussi cinématographique ? On se croirait vraiment dans un film ! Qu’est-ce qui donne cette impression ? (Éléments de réponse : « Anatole court vite le long de la plage… », « … ses petits pieds peinent à chevaucher les blancs rouleaux », « … elle regarde derrière lui et ses yeux crient » : les descriptions sont très imagées et fonctionnent par plan : un plan large sur Anatole qui court, un plan très serré sur le regard d’Alma… on pourrait sans peine réaliser un storyboard de cette description).
Cela est-il surprenant pour une scène de théâtre ? Pourquoi ?

Page suivante, la didascalie « Elle pleure de plus en plus fort. Il la lâche. » ou encore « Alma s’arrête de pleurer » sont très différentes : en quoi ? Est-ce que l’on pourrait supprimer ces didascalies du texte ? Si oui, quels changements en résultent ?

Maintenant, regardons d’un peu plus près une des répliques d’Anatole : « TU SORS D’OÙ, BON SANG ?! Coupes le souffle TU, tu m’as COUPÉ LE SOUFFLE. » : comment les élèves proposent-ils de dire cette phrase ? Elle est étonnante ! Deux éléments peuvent paraître étranges, lesquels ? (Il n’y a pas de sujet associé à la première occurrence du verbe « couper », alors qu’ensuite le sujet « tu » est répété deux fois, et séparé d’une virgule). Qu’est-ce que cela fait, qu’il n’y ait pas le sujet la première fois et qu’il soit répété ensuite ?

Il se passe plein de choses dans cette scène. Par exemple, qu’est-ce que les élèves peuvent dire de l’échange entre Anatole et Alma p. 15 ? p. 18 ? à la toute fin de la p. 22 ? Comment est-ce que cela change la façon dont on lit ou dit le texte ?

Pour finir : après lecture de cette scène, que peut-on dire d’Anatole et Alma et de ces deux personnages ? Est-ce qu’ils s’apprécient ? Pourquoi ? Que peut-on dire d’eux ? Quels adjectifs employer pour les caractériser ? Quels indices dans le texte ? Où se passe la scène ? En groupe, s’interroger sur cette scène puis la résumer en une ou deux minutes.

Conseil : analyse de deux scènes dans L’Histoire d’Anna : « 2. Nuit / Chambre d’Anna / Cauchemar » p. 57-58 et « 3. Matin / Chambre d’Anna » p. 58-59.