éditions Théâtrales Jeunesse

1) Suite de la proposition sur le passage pp. 10-13 : première apparition des animaux et esquisse de leurs comportement et caractère

On demandera aux élèves ce qu’ils constatent dans ce dialogue entre les animaux (leur désaccord sur les raisons de la mort du rhinocéros mais aussi entre eux) et les sentiments qui semblent les habiter vis-à-vis du rhinocéros qui est là mort devant eux (empathie de Petite marmotte, froideur de Papa Babouin etc.).

2) Scène 3 « Le nouveau » p. 18 : Papa Babouin collaborateur, l’ours résistant.

On entend dire qu’un nouvel animal va intégrer le zoo. Égoïste, Papa Babouin ne veut pas que ce soit un singe : plus assez de place sur l’arbre. Le nouveau arrive en train, enchaîné et tiré par deux hommes. Il ne comprend pas où il est, observant les « créatures zébrées » qui elles-mêmes le considèrent comme étant un « monstre ».
Après une lecture découverte, silencieuse ou distribuée de toute la scène 1, on pourra compléter le portrait de Papa Babouin (égoïsme, refus du partage de son territoire avec l’autre venu d’ailleurs ; volonté de pouvoir sur le zoo : il s’autoproclame chef, se montre faux, flatteur pour mettre l’ours dans sa poche, menteur (passage sur la cheminée, humour noir terrible pour la/le lecteur·rice qui sait, comme plus loin sur le climat familial du lieu…), se trouve du côté du pouvoir pour se faire bien voir. C’est le comportement d’un collaborateur sous l’occupation allemande.

On lui opposera le comportement de l’ours : à son arrivée p. 19 (« et puis il arrive enfin ») à la p. 21 (« qui lui sourit d’un air narquois »), l’ours ne fait plus sourire comme dans la scène précédente (« Ours sur glace »), sauf les hommes qui tirent sur sa chaîne et se moquent ! Et d’emblée, il a beau être aveugle à sa descente du train, il est aussitôt celui qui VOIT, comme son frère d’âme le rhinocéros. On relèvera les occurrences du verbe voir ou de ses synonymes dans les pp. 20-21. C’est à travers son regard d’étonnement et de pitié que pour la 1ère fois, nous voyons de près l’état pitoyable des « rayés » (Voir la partie « Mise en jeu »).

NB : le terme « créatures zébrées » apparaît ici du fait de son emploi pour décrire les pensées de l’ours, il s’agit d’une exception au terme « rayés » employée dans la pièce.

On pourra s’arrêter pour observer comment d’emblée l’auteur rapproche l’ours et « les rayés » dans leur sort. Pour cela, on dressera deux colonnes dans lesquelles on relèvera les correspondances : « mots » et « expressions ». Comme si l’ours, contrairement aux autres animaux, était des leurs. On remarquera que nous sommes pour la 1e fois dans l’espace des « rayés », et à nouveau l’humour noir terrible (perceptible par ceux qui savent pour la Shoah et peuvent lire le sous-texte) : « il n’a pas besoin de ticket », « il a un wagon entier pour lui tout seul », « je crois mes amis que nous sommes en enfer » (parce qu’ils ont vu un ours ! alors que l’enfer va être ailleurs) ; ainsi qu’une adresse plus nette des narrateurs au lecteur/spectateur, apparue dans la scène 2 « Ours sur glace » : l’interpellation, l’implication par l’emploi du « vous ».

Dans son dialogue avec Papa Babouin de la p. 21 au début de la p. 26 (« je te souhaite un agréable séjour »), l’on constatera que d’emblée l’ours s’interroge, fait preuve de sens critique jusqu’à saper la volonté de pouvoir de Papa Babouin par une blague p. 23. Le contraste entre la brièveté de ses répliques et la longueur de celles de Papa Babouin accentue cela, avec une dominance de phrases interrogatives d’un côté et déclaratives de l’autre.

3) Scène 8 « Brouillard de feu » et scène 10 « Les oisillons se taisent dans le bois »

On peut proposer de lire ces deux extraits en lecture silencieuse.

Style d’écriture  : qu’est-ce qui change dans la manière théâtrale de raconter l’histoire, entre ces deux scènes ?
La scène 8 n’est racontée que par les narrateur·rices (on pourra se demander pourquoi ce choix ?) La scène 10, elle, est écrite sans aucun·e narrateur·rice, elle entre directement dans l’action, alors que beaucoup de scènes font des aller-retours entre la narration et le jeu. Pourquoi ?
Sans doute arrive-t-on à un moment du texte où Jens Raschke veut effacer le jeu narrateur/personnage et sa part de comique pour concentrer l’attention du lecteur/spectateur sur ce qui est dit : le drame qui monte (scène 8) puis les responsabilités des animaux (scène 10).
L’on peut ensuite échanger sur l’attitude de Papa Babouin en fin de scène.

Classement : on demandera d’attribuer les descriptions suivantes aux quatre animaux.

a) Doute, incertitude quant aux opinions des autres et au fait qu’ils ont raison
b) Faire semblant, mentir (en cas de besoin), sauver sa peau, s’adapter
c) Se défouler physiquement, rejeter la faute sur autrui, fermer les yeux
d) Oublier, répéter comme un perroquet, aucune opinion propre
e) Regarder, questionner de manière critique, aigreur

Solutions : a) et c) les Mouflons, b) Papa Babouin, d) Petite-Marmotte, e) l’Ours


Discussion : et si c’était moi ?

Quel animal serais-je ? Est-ce que je regarderais la situation en face et agirais contre celle-ci ou est-ce que je détournerais le regard et ne ferais rien ? Lequel de ces cinq animaux aimerais-je être et pourquoi ? Si, en choisissant parmi tous les animaux du monde, je pouvais en être deux en même temps, lesquels serais-je et pourquoi ?

4) Scène 11 « Demande aux écureuils », extrait pp. 58-60 : l’ours voit et donne à s’interroger

Où sont les oiseaux ? se demande l’ours. Personne ne peut ou ne veut répondre. Tous les animaux réfléchissent : d’abord ont disparu les colibris, puis les pinsons, et bientôt toutes les autres espèces. Les écureuils se souviennent que cette disparition coïncide avec l’apparition et l’usage des cheminées. À votre avis, que sont ces cheminées ? Les élèves peuvent émettre des hypothèses, en fonction du reste de la pièce ou de leurs connaissances historiques personnelles.

Exercice

Même principe que dans les exercices précédents (lecture à 4 ou plus). Noter combien de personnages apparaissent dans cette scène en plus des quatre narrateur·rices. Répartir tous les rôles entre les élèves de manière à ce que personne ne doive changer de rôle (les chevreuils peuvent également être lus et joués comme des rôles). Faire lire la scène à haute voix. Lorsque les animaux parlent, essayer de trouver une voix et une situation de jeu simple (biches, canards, sangliers, cerfs, écureuils...). Imaginer les narrateur·rices comme des reporters qui sautent d’un enclos de zoo à l’autre et enregistrent ou filment les réponses.
Répartir maintenant les rôles entre 4 élèves. Qui joue quoi si la scène n’est jouée qu’à 4 ?
L’alternance rapide entre narrateur·rices et personnages, ainsi que les caractères des différents animaux, peuvent créer un effet comique. Vous pouvez discuter avec vos élèves du contraste entre le sujet abordé (la Shoah) et la forme (ici, une certaine légèreté). Que crée-t-il ?
 > Dans le chapitre « Mise en jeu », vous trouverez un exercice qui explore plus en profondeur l’alternance entre la position de narrateur·rice et du personnage-animal à l’aide du corps et de la voix.

Tonalité et contenu

La lecture aura sans doute permis de faire sentir l’amusement des narrateurs, la tonalité comique de cette scène. On pourra questionner le groupe : imaginez-vous spectateur·rices, pourquoi Jens Raschke a-t-il donné cette tonalité ? Les élèves qui auront lu les scènes précédentes, sombres, peuvent supposer une aspiration à la détente, la respiration.
On demandera ce qui change dans le comportement des animaux face à la situation et qui a provoqué ce changement. L’ours, seul, a pu faire qu’ils commencent à s’interroger sur l’anormalité de la situation (on pourrait alors faire référence à des personnalités qui ont pu seules déclencher ou accentuer une prise de conscience : Mandela, Greta Thunberg, etc.)

Vocabulaire : proposer de relever toutes les espèces d’oiseaux, nommées par les écureuils, et mener une recherche collective sur ces oiseaux.