Avant d’entrer dans le texte à proprement parler (les répliques, les didascalies), l’objet-livre en lui-même regorge d’informations précieuses :

• La couverture du livre peut faire l’objet d’un travail avec la classe. On peut imaginer la montrer aux élèves (livre en main, ou projetée), et leur demander ce que leur évoquent ces deux ballons, l’un gros au premier plan, et l’autre petit à l’arrière-plan. Il y a bien sûr, mais les élèves ne le savent pas encore, quelque chose qui renvoie au harcèlement de Lucifer.
• Le titre  : la rime le rend sonore, amusant, on en oublierait presque la notion de souffrance, et le fait qu’il s’agisse de Lucifer. Il peut être intéressant d’aborder un peu avec les élèves la mythologie judéo-chrétienne puisque ce nom n’est pas anodin : c’est l’ange déchu qui incarne le mal et l’Enfer, mais également, étymologiquement, celui qui apporte la lumière. Dans l’imaginaire collectif, c’est lui qui fait souffrir les autres ; affirmer qu’il a souffert est donc assez original.

Le titre, parce qu’il est sonore et original, donne envie d’en savoir plus sur l’histoire de Lucifer. Or, le titre, fait d’une phrase complète, au passé composé de surcroît, est presque déjà le début d’un récit, celui dont Lucifer est le personnage principal.

• La liste des personnages de la pièce : On voit d’emblée qu’il y a deux types de personnages : quatre personnages plutôt classiques, et deux marionnettes – que Gabriel fera parler (on reviendra plus tard sur ce symbole significatif).

  On peut interroger les élèves sur cette liste : qui leur semble être le personnage principal ? avec quel personnage les élèves pensent-iels pouvoir s’identifier le plus facilement ? Cela peut leur permettre d’ouvrir leur imaginaire, et de rencontrer les personnages de la pièce et de faire quelques hypothèses sur leurs relations.

  Lucifer, que l’on connaît déjà du fait du titre, est au centre de cette galerie de personnages : Gabriel et Mamie sont présentés par rapport à lui (« ancien meilleur ami de Lucifer » et « grand-mère de Lucifer »), et Madame Mademoiselle est reliée à lui implicitement par sa fonction, tandis que Lucifer n’est pas présenté par rapport aux autres. Tout semble indiquer qu’il est le personnage central de la pièce, et il est possible que les élèves s’identifient principalement à lui.

  Cependant, ce n’est pas le premier personnage de la liste puisque Gabriel lui passe devant. Cela n’est peut-être que la conséquence d’un classement alphabétique, mais on peut déjà y voir le signe de ce qui se produit dans la pièce : Lucifer est au cœur du texte, tout tourne autour de lui, mais Gabriel, qui le mène à la baguette, est celui qui est au cœur de l’action, ce qui dans un texte dramatique (du grec drama, action), est particulièrement significatif.

De qui alors est-ce le récit ? de celui dont il est question ? ou de celui qui le dirige ? Il y a, dans ces questions, l’enjeu de la relation entre Gabriel et Lucifer.