éditions Théâtrales Jeunesse

Les fantômes sont-ils toujours dans de beaux draps ?

de Antonio Carmona

Carnet artistique et pédagogique

Les fantômes sont-ils toujours dans de beaux draps ? est d’abord l’histoire d’un deuil difficile. Cyann, personnage principal de la pièce, perd sa meilleure amie Ophélie dans un tragique accident. Cependant, la disparition de la petite fille n’est que de courte durée, puisqu’elle a tôt fait de réapparaître pour « hanter » son amie, la rendant responsable de sa mort.

L’enseignant·e pourra ouvrir l’analyse de la pièce en proposant de réfléchir au titre de celle-ci. Il comporte à la fois une référence au « drap » (le linceul mortuaire) qui recouvre le fantôme – sur ce point, on pourra demander aux élèves de rechercher l’origine de cette pratique – et un jeu sur l’expression « être dans de beaux draps » - pouvant là aussi faire l’objet d’une recherche par les élèves.
Avant de lire la pièce, l’enseignant·e pourra proposer aux élèves de deviner quelles thématiques vont être abordées au sein du texte à partir de son titre.

De la même manière, on pourra prendre le temps de regarder la couverture choisie pour la pièce : qu’évoque-t-elle ? À quoi peuvent renvoyer les motifs et couleurs choisies ? En croisant le visuel avec le titre, quelles pourraient être selon les élèves les thématiques abordées par la pièce ?

Aussi, avant de commencer la lecture de la pièce, on pourra s’arrêter un instant sur le nom des personnages, et notamment celui d’Ophélie. On remarquera qu’elle est la seule dont le prénom n’est pas suivi d’une périphrase décrivant un âge ou un état psychologique. L’enseignant·e pourra là encore proposer aux élèves de s’interroger sur cette absence. Dans un second temps, il/elle pourra indiquer aux élèves qui est Ophélie dans la culture théâtrale et quel lien elle peut entretenir avec le fantôme, mentionnant sa présence dans la tragédie Hamlet de William Shakespeare.
Si le contexte s’y prête, l’enseignant·e pourra par exemple montrer aux élèves le tableau de John Everett Millais, Ophelia (1851) :

Une fois titre, couverture et distribution abordés, l’enseignant·e pourra demander aux élèves de lire la quatrième de couverture de la pièce afin de vérifier si leurs hypothèses quant aux sujets abordés s’avèrent correctes, puis de pousser plus loin leur raisonnement en se demandant quel pourrait être le genre de la pièce : comique ? Dramatique ? Tragique ? La différence entre ces termes pourra être explicitée en classe.

En ouverture du texte, la scène entre Cyann et Ophélie résume ce qui vient de se produire. L’enseignant·e pourra prendre le temps d’étudier avec les élèves la manière dont passé et présent s’entremêlent. On pourra notamment se concentrer sur la variation des temps utilisés : “Donc... voilà, j’étais tranquillement en train de jouer au foot […]" ; “Sur la route, je récupère le ballon […]”.
Les différentes adresses peuvent aussi être intéressantes à étudier : à qui parlent Cyann et Ophélie ? Au public ? L’une à l’autre ? L’enseignant·e pourra parcourir la scène avec les élèves en détaillant, réplique par réplique, à qui on parle. Il s’agira ici de comprendre en quoi le trouble qui peut parfois s’installer quant au destinataire de la scène permet d’intégrer le public dans le récit d’une expérience difficile.
Enfin, on pourra s’attacher à étudier la didascalie suivante qui marque une rupture. Là encore, on s’interrogera sur le sens de celle-ci au regard du texte :

Temps. Ophélie disparaît.

(Page 9)

Puis on prendra le temps de lire la dernière tirade de Cyann.

L’enseignant·e pourra à nouveau évoquer avec les élèves la manière dont le fantôme est présenté dans le texte. On pourra notamment s’attarder sur son apparition le soir, conformément aux croyances populaires. Il serait intéressant que l’enseignant·e demande aux élèves de chercher d’autres exemples de fantômes que ce soit dans la culture classique ou populaire. Chaque élève pourrait préparer, seul·e ou en petits groupes, un exposé sur un de ces exemples.
Ici une liste non exhaustive :

 43, rue du Vieux-Cimetière : trépassez votre chemin, Kate Klise (texte), Sarah Klise (illustrations)
 Histoires de fantômes, Roald Dahl
 Le fantôme de mon grand-père, Yann Coridian, Anjuna Boutan
 Quinze millions pour un fantôme, Jean-François Ménard (texte), Perceval Barrier (illustrations)

 Macbeth, William Shakespeare
 Le fantôme de Canterville, Oscar Wilde
 Le tour d’écrou, Henry James
 Histoires de fantômes japonais, Lafcadio Hearn

 SOS Fantômes (film), Ivan Reitmann
 Le voyage de Chihiro (film d’animation), Hayao Miyazaki

Le fantôme est aussi appelé « revenant » dans la culture populaire ; c’est celui/celle qui « revient » sur Terre car il/elle a des affaires à régler avant de pouvoir trouver le repos éternel. En étudiant les premières scènes de la pièce, l’enseignant·e demandera aux élèves quels sont les motifs du retour d’Ophélie et où ira-t-elle ensuite car, comme elle le dit :

OPHELIE.- Le paradis et l’enfer n’existent pas, Cyann. […]

(Page 12)

En s’appuyant sur la citation ci-dessus, l’enseignant·e pourra poser les questions suivantes : d’où viennent les concepts de paradis et d’enfer ? À quoi servent-ils ? Si ceux-ci disparaissent, quelle alternative est proposée par la pièce et pourquoi ? Ces différentes questions peuvent faire l’objet d’un échange en classe mais aussi de pistes de réflexion pour une rédaction à faire à la maison, voire d’un débat entre élèves : un camp « Il y a un paradis et un enfer » contre un camp « Il n’y en a pas ». On gardera en tête que la lecture religieuse peut volontairement être mise de côté ou au contraire être abordée de manière délibérée.

Pour finir, il pourra être intéressant – si toutefois le sujet n’est pas trop sensible – d’évoquer avec les élèves l’idée qu’ils/elles pouvaient se faire de la mort quand ils/elles étaient plus jeunes et ce qu’ils/elles en imaginent désormais.