éditions Théâtrales Jeunesse

Le Gardien de mon frère

de Ronan Mancec

Carnet artistique et pédagogique

Dans la même perspective que celle guidée par la mise en onde, on peut initier cet exercice fort simple de mise en voix, qui s’appuie encore une fois sur un choix textuel des élèves et qui va implicitement déstructurer le texte pour mieux le faire entendre afin qu’ils puissent s’approprier son univers. Cet exercice peut être effectué avant d’étudier le texte et permet d’une certaine façon aux adolescents de s’évader d’un exercice formel ou même de la pratique théâtrale qui peut en effrayer certains lors de premiers travaux d’approche. Cela implique que les élèves aient lu le livre et dans l’idéal qu’ils disposent d’un exemplaire pour travailler en autonomie. On demandera aux élèves de choisir une ou deux répliques qui les ont marquées, soit que ces répliques les aient choquées, soit qu’ils les aient trouvées inquiétantes. S’appuyer sur leurs émotions lors de leur lecture individuelle est essentiel avant tout travail au plateau. On pourra leur demander d’y réfléchir en leur faisant écrire des petits textes de réaction (la pratique du carnet de lecteur étant en cela la meilleure façon de préparer une lecture experte de l’œuvre). On demandera aux élèves d’apprendre cette réplique choisie puis de se mettre en cercle et d’avancer pour la dire. Le cercle sera au départ assez large puis à mesure que chacun dira sa réplique, les élèves s’avanceront. Cette façon de travailler reprend le système de la pièce qui se remémore les violences de façon presque concentrique jusqu’à un face-à-face métaphorique entre Abel et Jo.

Il faudra recueillir leurs impressions sur cet exercice et les laisser mettre en œuvre d’autres modes de duel pour mettre en voix cette pression et cette menace étouffante que représente Jo. D’eux-mêmes, ils en viendront à former une horde chorale qui fera face à un ou deux élèves qui figureront le personnage d’Abel. Ce sera un pont à conserver vers la mise en jeu où le déséquilibre entre les deux groupes d’élèves interprétant les personnages formera un point d’ancrage.

Un autre exercice plus simple consistera à ce que chaque élève s’avance et prononce la réplique choisie et qu’un autre en face lui assène la même réplique et ce afin de mesurer en chacun la prégnance de ces attaques. On laissera au choix des élèves la ponctuation en leur disant que leur réplique, si elle n’est pas une interrogation, peut être prononcée avec différentes épaisseurs.